Le local à Vélo[Messe tous les dimanches]

[Papy Boeing]

Cela faisait peu de temps que le pasteur Boeing venait d'arriver en ville et l'accueil chaleureux que lui avait réservé beaucoup des inconnus qui faisaient maintenant son quotidien l'avait touché et comblé. A vrai dire et sous son regard scrutateur Shangri-La ressemblait de plus en plus à un paradis en devenir surtout après le désert que lui et ses compagnons avaient connus. Bien que la démocratie fut toujours le premier des soucis du vieil homme, car seule système selon lui capable de satisfaire le besoin de liberté d'une humanité piégée, ce n'était pourtant pas à cet instant et alors qu'il passait consciencieusement le balais dans un local à vélo désaffecté, ce qui retenait ses premières pensées.

Oui, il en était sûr dans cet endroit qui l'avait accueilli, il était maintenant de son devoir de transmettre le message du divin, ce message banni et qui trop souvent par la cupidité des hommes avait été dévoyé. Oui, dans ce local à vélo il poserait demain la première pierre d'une l'église et offrirait la messe protestante à tous les cœurs qui la souhaiterait, avec entrain il redoubla d'effort dans cette rénovation...

[Papy Boeing]

Papy avec force de volonté et malgré une longue et douloureuse diarrhée, qui ces derniers jours l'avait cloué au lit, venait enfin de terminer la première étape de son œuvre divine. Déjà, dans la vieille cabane, où deux ouvertures grillagées avaient été aménagées pour laisser la lumière pénétrer, les premiers bancs de plastique faisaient maintenant face à une petite estrade de trois marches, assis sur cette dernière, affalé dans un fatras de câble, l'homme d'église réparait à présent un vieux micro d'avant guerre. Il se donnait beaucoup de peine, il avait en effet traduit sa récente maladie comme étant une épreuve imposé par les esprits des morts de ces marais, une épreuve en forme de message, une épreuve qui lui disait: "Papy mon pote, nous attendons beaucoup de toi!"

Soudainement un choc statique se fit entendre, le système électrique de l'insonorisation était enfin au point, sa batterie écologique qui lui avait demandé de dresser des félins à se relayer et surtout de dresser les citoyens à ne pas manger les félins, tournait dorénavant à plein régime. Il tapota le micro en prononçant le fameux: "One-two" officiel et un larsen d'approbation se fit entendre pour sa plus grande joie...