Il est chouette le tunnel.

[Alisha Kamakshi]

Si je vous le dis. C'est qu'il l'est, pour sûr. Vous imaginez pas les soirées tordues qu'on passe à Shangri-la, vous. Vraiment pas. Remarquez, ça vaut mieux, un accident est si vite arrivé. Pour sûr. Encore une soirée à s'entre déchirer dans la salle commune avec une jobarde et un suicidaire, mamy Lanthane tentant de garder sa contenance et Joseph à qui il manquerait plus que du pop corn.

Cela a dû commencer comme ça. Jo qui pointe Am en signalant qu'il allait se foutre en l'air et Lanthane qui propose un breuvage alcoolisé. Pas d'électrochoc en vue, enfin ça c'est ce que vous croyez. Alisha qui n'en aurait rien à faire, si seulement si mais quelque chose attire son attention. Des runes qui lui viennent à l'esprit, sûrement des restes d'un bouquin à la couverture élimée expliquant la mythologie nordique. Sûrement. Cela dit, elle ne manque pas une occasion et sa main met une première gifle au chauve, puis une seconde dès qu'il continue de parler suicide. Puis elle lui évoque les deux runes, dagaz et Mannaz. Puis l'indienne en a marre, le traine par le col jusqu'à l'abreuvoir des chevaux près de la grange prête à lui mettre la tête dans la flotte. Pourtant, instinctivement, elle décide une fois pour toute de lever le mystère et déchire - sans prévenir - la chemise de l'homme qui s'imagine déjà en finir là. Pourtant elle assassine pas les gens, sauf par accident.

Elle scrute, observe. Lanthane qui revient de la réserve après avoir été cherché une bouteille. Alisha qui parle d'une éventuelle scène sado-mado avec une envie de stupre comme c'est rarement le cas. Finalement pas, et plutôt que de noyer le condamné, elle le recule, l'enjambe et coince ses cuisses autour de sa taille. S'en suit un échange. Des tas de chuchotis avant que Jo ne se pointe à son tour. La belle réunion de famille que voilà !

Jo, jalouse à en crever. Lanthane pas rassurée qui finit par s'en aller et Alisha absorbée par son idée alors que Am continue son monologue abscons comme quoi il sert à rien. Pas de notre faute si c'est un parfait homme d'intérieur... Cependant, les choses s'enveniment. L'un veut toujours se suicider, l'autre le tuer ou partir et Alisha, blasée, qui ne pense qu'à sauver le peu de raison qui lui reste. Tiraillée ? Vous pensez ! Si elle avait le numéro d'un psychiatre dans le coin, elle l'appellerait illico. Elle s'éloigne, balance que de toute façon, cette histoire n'a aucune issue et souhaite la paix des ménages. Peu importe ce qu'elle dise, cela ne change rien et elle est lasse l'indienne. Alors quand elle revient, et que jo lui tend ce qui pourrait mettre fin au cauchemar... Elle ne comprend pas la raison mais la lumière se fait dans son esprit. Disparaitre, s'effacer une bonne fois pour toute. Liberté, liberté chérie !

Alors, elle pointe le bout du canon contre elle. A bout portant. Jo et Am qui hurle, elle n'entend plus, elle est déjà ailleurs. Elle sourit déjà à l'idée d'enfin rejoindre les siens tant chéris. Elle perd pied, conscience du monde qui l'entoure et alors qu'elle s'apprête à tirer, jo se jette sur elle. L'arme dévie mais elle aura tiré, sans regret ni remord. Sans prévenir, sans rien dire. Enfin s'écroule t-elle au sol. Enfin, sera t-elle libre et aura t-elle eu les couilles de le faire. Ce ne sera pas une grande perte et elle verra certainement sa vie défiler comme dans un vieux film en noir et blanc. Puis, le grand tunnel lumineux, aveuglant.

Restes avec nous !

Non, j'ai pas envie ! Foutez-moi la paix ! Allez-vous en ! J'ai chaud puis froid. Que font-ils ? J'ai les yeux flous, les yeux fous et un autre univers s'ouvrent par delà les cieux. Laissez-moi partir et vivez, soyez heureux...

Autour d'elle, ça s'agite. Des instruments, une opération. Cela fait mal, très mal. Stopper d'abord l'hémorragie puis extraire la balle mais rien n'est correctement stérilisé. Elle hurle de douleur alors qu'un intrus est fiché dans son flanc. Elle convulse et manque d'avaler sa langue. Des tas de silhouettes s'affairent autour d'elle mais vient un moment où son corps s'engourdit et elle s'évanouit. Son corps alors est amené après des soins dont elle ne retient aucune teneur, aucune saveur si ce n'est la douleur vers la grange mais ce qui compte : n'est-ce pas Am qui ne veut plus se suicider et Jo qui a promis... ?

Une nuit fiévreuse, délirante. La vie ou la mort ? Et si on jouait à la roulette russe en déjouant les pronostics tout en faisant perdre quelques paris ?

[Jo Clay]

C'est vrai; belle réunion de famille... Celle de trop, probablement... La dernière, peut-être. Celle dont on revient pas; l'épilogue, en quelque sorte. Le grand final, cette fois : véritable tomber de rideau... Fallait s'y attendre, ça devait arriver un jour. En tout cas, elle avait raison, l'indienne : impossible de continuer comme ça.

Et ça avait pas commencé différemment de d'habitude, c'est vrai aussi... L'éternel petit choux à la crème jalousie, avec des paillettes d'amour et de haine; et un glaçage de névrose obsessionnelle compulsive. Une pincée de paranoïa : explosif, couplé à la jalousie maladive... Sûre d'elle... Sûre de son éviction future, peut-être même de son assassinat, planifié par AM lui même... Et la complicité des deux vieilles peaux, plus tordues l'une que l'autre... Et Alisha, au milieu. Alisha, l'enjeu d'une bataille; enjeu trop précieux et trop lointain, qui s'échappe, peu à peu; et peu importe l'issue de la dite bataille. Bataille entre qui et qui, d'ailleurs? Jo Clay Kieffer et le reste du monde? Jo Clay Kieffer et Jo Clay Kieffer? A voir...

Et le coup de feu. L'enchaînement... Scènes entrecoupées... Difficiles. Ne pas trembler, assurer. Assurer au moins une fois; juste une fois, avant de disparaître définitivement. Elle s'était jetée sur l'indienne, sans réfléchir; dévier l'arme coûte que coûte, quitte à ramasser la balle à sa place. Surtout pour ramasser la balle à sa place. En finir de suite : la sauver et partir... Mais non. Shakespear Moncul n'aime pas qu'un plan se déroule sans accroc, tu l'as dans l'oignon, Hannibal Mescouillenzlip. Alors rester réactive, presser la plaie... Soigner.

Scènes entrecoupées. Ses mains pleines de sang. Le sang d'Alisha.

Scènes merdiquement foirées : le sang d'Alisha.

Presser la plaie. Elle s'y est jetée, de toute ses forces; tandis qu'AM, toujours lui, AM, lui tendait des outils, plus sales et improbables les uns que les autres... Comprimer la plaie, d'abord... La nettoyer, scène entrecoupée de connerie... Ce sont ses mains, couvertes du sang d'Alisha... Alors qu'elle fouille fébrilement avec sa pince, dans la plaie béante. Mauvaise scène, celle au cours de laquelle elle extirpe tant bien que mal le projectile; fouille encore, pour tirer les morceaux de tissus enfoncés dans la plaie... Scène insupportable : "Pas Alisha..." quand aidée d'AM, elle recouds, toujours aussi fébrilement, la plaie sanglante... Et de supplier l'indienne, de lui promettre que tout rentrera dans l'ordre; qu'elle ne recommencera plus. Qu'elle lui rendra la vie supportable. Qu'elle se soignera... Qu'il y'a d'autres moyens... Qu'elle redeviendra comme avant... En y croyant, en plus : c'est ça le plus beau, dans l'histoire. En croyant à ses propres paroles.

De finir son ouvrage; la petite couture... Et de s'affaisser... Epuisée. Pour ne plus bouger. Pour regarder AM et Porta emporter Alisha, en sûreté... Au repos. Loin d'elle. Loin d'elle parceque c'est le plus sûr. Après tout, c'est toi.

"Toi..." Toi qui lui a tendu l'arme; tu savais qu'elle se "... Butterait avec..." T'évites de te salir les mains, c'est bien. C'est mieux. Ca y'est... Alisha à l'article de la mort... "... Elle va mourir..." Si elle n'est pas à toi, en tout cas maintenant, elle sera à personne "... D'autre..." Tu as réussis ton coup alors. Tu t'en es plutôt bien sortie. Mais regarde; Alisha qui danse... Pour toi. Juste pour toi. AM peut plus l'avoir. C'est que toi... Toi...

"Moi..."

Etre prudente, maintenant... Il va tenter de t'éliminer. Se venger... Se venger de quoi? J'y suis pour rien... J'ai voulu la sauver... J'ai tout tenté ! Quoi, t'écoutes pas ce qu'on te dit? Tu as réussis ton coup. Et quoi maintenant? Au tour de Tamarie? Tamarie... La petite... Comme Alisha... "Pas la petite... Pas Tamarie... J'la protègerais..."... La faire mourir... Comme Alisha. Sera à toi, elle aussi... Pour toujours.



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AM et Porta s'éloignent, en emportant Alisha blessée, et salement recousue. Jo reste prostrée, les mains couvertes du sang de la seule personne qu'elle aura probablement vraiment aimée, avec un grand A. Hétéro, qu'elle se disait. Mais c'est l'épilogue, pour la brune. Alisha Kamakshi, la dernière digue de Jo, vient de céder. Place à la destruction et aux grands flots.

Elle s'effondre.

[AM 837]

Encore une soirée de folie et un nuit sans sommeil en prévision.
Ahèm au chevet de l'indienne s'affaire de son mieux pour veiller la blessée, tout y passe, prières, larmes, rires, chuchotements a la brune alitée qui délire dans le lit prété par Joseph.

Les pensées de notre chauve sautent du coq a l'âne avec comme seul leitmotiv la survie de la jeune femme.
Il prépare des linges humides, surveille sa fièvre anxieux. L'écoute délirer en serrant ses mains dans les siennes. Il lui parle, pas vraiment sur qu'elle l'entende ou elle se trouve, mais il lui parle encore et encore doucement, avec toute la sérénité dont on est capable quand la femme que tu a aimé... que tu aime... -Ça on s'en préoccupera plus tard, il faut qu'elle s'en sorte- vient de se tirer une balle artisanale dans le flan sous tes yeux.
Sous tes yeux et sous ceux de Jo... Jo qui a extirpé la balle et les fragments de tissus emporté par la balle, puis nettoyer et recousu la plaie avec tes instruments et ton aide et celle de Joseph le chapelier.
Opération de fortune pour les amants de fortune d'une histoire de trio impossible qui prends l'eau de toute part.

Il faut qu'elle s'en sorte... Jo t'es ou ?
Ils l'ont transportée dans la cahute de Joseph, allongée sur un "vrai" lit et maintenant il la veille, plus rien d'autre ne compte.
Envolée les envies de se foutre en l'air, l'instabilité des uns et des autres, les excuses qui n'en sont pas et les promesses débiles, rien que sa survie, maintenant.
Il s'affaire de nouveau autour du lit, change les linges humides, écarte ces mèches brunes, qui avait attiré son regard lors de leur première discution, collées par la sueur.
Elle a perdu pas mal de sang et va certainement continuer de délirer un moment.
Le voilà assis a coté d'elle a tenir sa main de nouveau en murmurant des prières, des chansons et des berceuses, riant et/ou pleurant a la résurgence de souvenirs avec elle, sans elle... Il chuchote, murmure comme si il se tenait a coté d'une endormie, en versant des larmes sur leurs mains.

Il faut qu'elle s'en sorte... J'veux plus partir, on méditera ensemble... Tu m'aidera a tourner la page, on la tournera ensemble... Mais faut que tu vive... Faut que tu t'en sorte.
J'veux plus mourir... T'a raison y'as d'autres chapitres a écrire... Faut pas que tu meure entre les deux.
Et le voilà qui s'agenouille a coté du lit les coudes sur le rebords de celui ci pour prier, prier encore entre deux soins ou tentative de.

Plus rien d'autre ne compte et les minutes s'égrainent lentement, a surveiller anxieux le délire fiévreux de l'indienne, être a l'écoute de tout signe qui pourrait indiquer un changement dans son état, essayer de prévoir d'avance ce dont il aurait besoin au cas ou...
Difficile de garder l'esprit clair quand on ne dort pas ou si peu depuis plusieurs nuits, a ruminer des envies de mettre fin a ses jours.
Pourtant il se discipline, se contraint, laisse la part belle a son esprit chargé de carburer pour le reste, d'écarter les pensées parasites et de focaliser toute son attention sur la veille...

L'étrange garde malade au bord de l'épuisement sur le fil du rasoir marmonne, prie, récite, pleure et rit quelquefois le tout en même temps... Faut bien lâcher la bride a certaines choses pour mieux se concentrer sur l'essentiel...

[Alisha Kamakshi]

Le tango des pas perdus à sautiller dans le noir des flaques amoureuses.

New-delhi. Un appartement. Un homme. Un enfant. Alisha sourit, béate. Tout est chaleureux, joyeux. Un doux cocon confortable où elle est en sécurité. Son époux. Son fils. Un univers lointain que le fract a détruit pour toujours. Elle revoit ces écrans de fumée, semble terrifiée, manque de hurler mais se ravise quand elle peut se retrouver papillon au fond de sa chrysalide. Là où tout est doux, parfait, à ne surtout pas briser.

Elle revoit son enfance aussi, une partie de ses errances. Sa main se tend dans le vide, cherchant un repère. Son visage se crispe, se déride, elle rit et s'agite sans fin. Parfois des bribes de mélopée, des prières comme en réponse à celles d'Am, des berceuses qu'elle reprend de manière discordante. Puis, plus rien. Le flou noir, un long moment où elle parait prostrée, figée comme une poupée de cire à la mine terreuse.

Puis, cela reprend. La ville rouge, les nazis, l'épopée impossible avec deux inconnues. Shangri-la et l'histoire qu'on connait. Les images sont aléatoires, tout est fantasmagoriques avec des visages déformés, des sensations étranges, inconnues. Une terreur sans nom et elle crie encore, réprime un sursaut, se crispe, s'agite... Le cercle infernal des démons intérieurs qui perpétuent leur valse, comme l'ouroboros qui se mord la queue. Jusqu'à quand ? Nul ne le sait.

Elle tend la main. Des larmes s'écoulent silencieusement le long de ses joues. Elle tremble. Il fait si froid. Elle appelle en marmonnant dieu seul sait quoi. Du réconfort, retrouver le cocon, ne plus en sortir et s'y figer pour l'éternité.

[AM 837]

Au coté de l'indienne cireuse, Am s'agite de son mieux, préparant quelques emplâtres antiseptique pour la blessure et diverses poudres, broyats et autres remedes qu'il prévoit de lui faire absorber pour lutter contre une eventuelle surinfection... Pourtant il lui manque l'essentiel, une source de chaleur et de l'eau pour finaliser ses préparations... Plus tard...

Pour l'instant un fond de gourde suffira au plus pressé et il profite d'un moment de calme relatif de l'indienne pour redresser doucement sa tête, soutenant de sa main bandée la nuque de la jeune femme pour lui faire boire lentement, très lentement le breuvage craignant qu'elle ne s'étouffe ou le rejette.

Puis il est tout ouïe, sursautant a chaque agitations de la brune, rit avec elle sans bien savoir pourquoi, essaie de reprendre ses chants inconnus après avoir reposé délicatement la tête de cette dernière.
Il attrape des siennes les mains qui se tendent, pour les caresser doucement, chuchotant tout ce qu'il trouve de rassurant en magasin espérant calmer les délires de l'indienne blessée qui se débat dans son sommeil fiévreux.

C'est en posant ses lèvres sur le front de celle ci après avoir retiré un énième linge qu'il s'aperçoit que la chaleur n'a pas seulement quittée les extrémité du corps mais que la jeune femme se refroidit... Bien trop vite.
Le sang perdu, le choc, la fièvre qui fait le yoyo...
Méthodiquement il parcourt la petite pièce du regard, cherchant une source de chaleur, réprimant l'envie de foutre le feu au premier truc inflammable pour procurer un peu de chaleur a Alisha, il amasse sur elle tout ce qui peut constituer une couche supplémentaire pour qu'elle conserve un peu de chaleur...

Pourtant elle tremble encore... Les souvenirs reviennent taper a la porte du cerveau d'AM... Une tempête dans les montagnes... Dans ses montagnes... Le Hameau au pied du temple, si proche et pourtant inatteignable par les chemins rendus impraticables par le blizzard et les congères... Coincés avec un blessé avec pour seule source de chaleur celles des corps des uns et des autres agglutinés... A attendre que ça passe, troupeau frileusement ramassé sur lui même autour des plus faibles.

Bien que notre crane rasé paraisse toujours aussi confus a écouter et a observer, ses raisonnement sont clairs ou presque, et après lui avoir fait absorber une autre de ses mixtures il se défait de sa veste pour en faire une couche de plus et se glisse a ses cotés sous les couvertures, en évitant son flanc meurtri.
Avec une infinie minutie il se colle a elle, en ramenant les bras de l'indienne sous les couvertures pour envelopper ses épaules de son bras. Priant a voix basse les esprits et les dieux de l'âtre et du foyer d'octroyer un peu de leur chaleur a la blessée, de ne pas la laisser se refroidir...

[Alisha Kamakshi]

La température semble remonter. Serait-ce le soleil qui se lève par delà la tombe d'Humâyûn ? Alisha se serre instinctivement vers la source de chaleur la plus forte. Son corps contre celui d'Am comme il était certainement autrefois, il n'y a pas si longtemps. A son contact, elle s'apaise et marmonne un tas de paroles incohérentes, absorbée dans son mondé intérieur kaléidoscopé. A peine quelques bribes...

Ne m'abandonnes pas... Aimes-moi encore...

Elle frissonne, se serre encore. Son visage se crispe inconsciemment et elle tremble de nouveau avant que ses doigts se resserrent d'autant plus sur les mains qui les tiennent, comme pour ne pas lâcher prise, comme pour ne pas que cette présence dont elle ignore tout ne fuit. Ses paupières bougent parfois par saccade, ses lèvres forment parfois des mots inaudibles. La fièvre tombe, la fièvre remonte, vacillante comme la lueur d'une bougie indécise.

Je voudrais... tellement...

A nouveau des larmes silencieuses s'écoulent le long de ses joues. Elle prie en murmure dans le vide. Le néant absolu de sa torpeur fiévreuse, coincée entre vie et mort.

N'avoir jamais existé...

Un pas vers l'obscurité.

[JosephPorta]

Le Baril s'arrête devant la cahute, Porta s'arrête à son tour devant celle-ci, plus ou moins exténue... Il observe les alentours, le vent souffle plus ou moins fort, la température est bientôt dans le négatif... L'hiver arrive finalement...

Il s'étire, se frotte le dos... Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas dormi par terre, heureusement qu'il a un minimum de tact pour proposer son lit au une blessée...

il soulève le baril, le met debout, et rentre dans sa cahute, bien sombre...

C'est vrai que ca manque de fenêtre, mais bon, y'a quatre mur et un toit, c'est déjà ça...

Il remarque AM allongé avec Alisha, dans le lit...

''Ca doit être pour la réchauffer, j'imagine... Ah ah... Allez, HOP''

Il attrape le baril par les bords, et le pousse plus ou moins au milieu de la cahute, le calle plus ou moins bien.

''Et n'bouge plus cul d'pélican!''

Il sors sa baïonnette, et s'affaire à découper trois lignes à sa base pour faire une sorte de porte par laquelle il enfournera le bois, puis il découpe un gros rond en haut de celui-çi, dans lequel il enfourne un gros tuyau en angle droit.

''Hopla, ca c'est fait.''

Sur ce, il prend un plus grand tube, le place par dessus celui à angle droit, et vient soulever la plaque du toit.

Porta regarde tout cela, se pince le bout du nez, comme chaque fois qu'il réfléchit

''Bon, plus qu'l'plus dur à faire maintenant...''

Ouverture de Porte, empilage de caisse et de bordel sur le flanc de la cahute, et le voila qui se met à escalader le mur!

''Bordel de bordel! Tout ça juste pour se chauffer les miches... Raah...''

le voila qui se met à plat sur le toit, sors sa bayonnette, remarque la tôle soulevé, découpe un trou au pifomètre et fait sortir la tube par celui-çi.

''Et voila l'travail!''

Retour au sol sans encombre, fermeture de porte, prise de bois amasser plusieurs jours auparavant pour qu'il sèche, et que l'on jète en bloc dans le fond du baril, ajouter des vieux magazine, utiliser votre vieux briquet dont vous présèrvez l'essence comme votre sang, et voila un beau feu!

Au bout de quelques minutes, la chaleur commence à se propager, et une fumée sort par le toit... Il sourit, l'une des rares fois depuis longtemps...

Il examine les murs et le toit de la cahute, observe les endroits où le vent passe, il faudra boucher les trous, et améliorer l'isolation et on sera comme dans un palais!

La température est tel que l'on peut se défroquer un minimum...

Porta retire son brelage, le dépose dans un coin, la capote vient bientôt sur le tas, que vient compléter sa vareuse et sa chemise, ainsi que les gants...

Contemplation de ses deux pouces empaquetés de bandages...

''On vous sauve la peau, et voila comment on vous remercie, en vous bouffant les doigts! Si c'est pas dégueu ça... Ah ah...''

Décidément, on est bien au chaud...

[AM 837]

La cahute de Joseph, décor d'une rémission fluctuante pour une Alisha clouée au lit par un vilain plomb et AM les yeux gonflés, rougis et cernés a faire peur, torse nu au chevet d'Alisha qui psalmodie doucement.
Le voilà planté au chevet de la brune en bon Saint Bernard un peu barré, mimiques angoissées agrafées sur un visage pas tout a fait de la première fraicheur qui se partage le terrain de jeu avec des tics de plus en plus prononcés, ce qui ne le rend pas forcément très avenant d'ailleurs...

Après avoir fait absorber a sa chère patiente une énième de ses décoctions en même temps qu'un bouillon gras, il surveille ses délires agités... Notion du temps complètement envolée, c'est a peine si le passage d'un nouveau cycle jour / nuit l'a marqué, l'avantage quand on perd graduellement une partie de ses sensations c'est qu'on peut ne pas prêter attention aux signaux d'un estomac qui crie famine.
Rien ne semble l'affecter d'autre que la veille consciencieuse d'une Alisha au sommeil agité, toujours aussi fiévreuse et délirante, parfois plus calme, par intermittence.
Au moment ou Andjock et Joseph se radinent, il est de nouveau hors des couvertures a murmurer en caressant le front de la jeune femme.

Pendant qu'il discute d'un moyen de réchauffer la pièce, ils jettent un œil sur la blessure... Qui s'est réouverte et infectée, boursouflure rouge vif autour de la suture qui n'a pas tenue le choc face aux agitations fiévreuse de l'indienne.

Alors revoilà la troupe repartie pour une nouvelle opération, plus conforme aux règles élémentaires de l'hygiène cette fois...

"personne ne te fera de mal... Je suis là... Je reste avec toi"

Pendant qu'Andjock prépare le nécessaire pour nettoyer, vider les humeurs purulentes, recoudre et panser, Ahèm serre l'indienne contre lui, emmêle ses mains dans les siennes et bloque ses épaules dans ses bras en se voulant aussi rassurant que possible, sans cesser de parler a la jeune femme, dont Andy s'assurent également qu'elle ne bouge pas trop sous l'aiguille du docteur Porta, boucher charcutier a ses heures perdues...

"C'est bientôt fini ma belle... J'reste avec toi"

Enfin c'est Joseph qui opérera sous les cris de douleurs d'une Alisha semi consciente qui tremble et pleure dans les bras du crane rasé.
Les points enfin finis se voit ponctué d'un " Je suis là... je te laisse pas... Je t'aime... J'te laisserai plus jamais..." d'Ahèm qui verra Alisha tressaillir dans ses bras sans bien faire le lien avec ses paroles, concentrer par l'épreuve qu'ils lui infligent pour éviter la sur infection de la plaie.

Puis vient l'emplâtre antiseptique et régénérateur façon grand mère d'Ahèm, pâte argileuse verdâtre truffée aux herbes pour finir par un pansement propre. Lorsqu'enfin le calme revient, que la torture prends fin, notre crane rasé se glisse de nouveau sous les couverture pour réchauffer l'indienne frigorifiée qui frissonne a qui mieux mieux, un dernier merci a Joseph avant que son univers ne se réduise a nouveau au lit chargé de couverture avec la brune pour seul centre a laquelle il marmonne une berceuse en la berçant doucement dans ses bras.

Il la sent qui s'accroche, se blottie contre la source de chaleur qu'il est, colle son visage dans le cou du chauve, s'apaise... Jusqu'à sembler s'endormir relativement sereine et certainement épuisée.

Il échange alors quelques mots a voix basse avec Joseph qui fait des aller-retours les bras chargés, tandis que la somnolence trop longtemps refoulée s'empare de lui doucement.

Encore quelques phrases puis plus rien, il n'entend plus rien d'autre que la respiration de la jeune femme blottie dans ses bras, rien de la discution qui se déroulera au dehors ou des travaux de chauffage de Joseph ne perturbera sérieusement son sommeil haché.
Trêve irrégulière pour un AM plus qu'a moitié dans le gaz qui s'assure des signes vitaux de la jeune femme en lui murmurant a peine conscient de le faire, des mots doux et rassurant, avant de s'abandonner de nouveau a la somnolence anxieuse.

[Alisha Kamakshi]

Une lune, peut-être deux ou bien trois, que Alisha se battait contre ses démons intérieurs sans vouloir revenir vers la lumière. Éreintée, épuisée, elle avait trouvé un cocon de douceur loin de toute vie palpable. Elle avait senti qu'elle s'éloignait du monde mais quelque chose semblait assez forcené pour la retenir ou l'en empêcher. Pas maintenant, pas encore, trop jeune, plus tard, il y a encore tant de choses à voir même si tu n'en es pas convaincue mon cœur...

Alors, le scepticisme laissa place à l'abandon. Des gens prenaient soin de son corps quand son âme se calfeutrait dans des éden inaccessibles, parfois brusque tourments. La fièvre suivait le mouvement, le pouls aussi. Pourtant, il fallut bien que les médecins de fortune constate que depuis deux nuits, la fièvre ne revenait plus. La respiration d'Alisha était régulière, son état stabilisé et l'infection ne s'était pas généralisée. Elle s'était même enlisée grâce aux soins, grâce aux médicaments et même si la patiente avait la mine pâle pareille à une zombie, elle continuait de vivre. Avait-elle seulement envie de se réveiller ? Il était bien là le problème. Aveugle aurait tellement été plus simple. Oui mais non, quand on est une connasse finie, on évite de se complaire et on affronte de visu l'ennemi quel qu'il soit, on le matraque, on le crible de flèche, on le fait crever même à petit feu rien qu'avec un soupçon d'arsenic. Ou pas.

Il y a de ces moments de silence qui sont semblables à des tulipes blanches en tissus ayant pris la poussière, sur un vieux meuble décrépi. De ces moments où le corps nous rappelle à la vie, où le besoin de marcher, bouger, se fait ressentir. Ce que fit très exactement le corps d'Alisha sans même lui demander son avis. Un visage vaguement crispé, des paupières qui tressautent avant de finalement s'ouvrir. Des yeux hagards, chafouins, pleins de points d'interrogation en suspens. Pas un mot, pas un cri, pas une parole. Juste l'air hébété et perdu.

[AM 837]

L'état d'Alisha était stationnaire, elle était faible bien entendue mais le pire était passé, ce qui laissait a son autoproclamé garde malade un peu de répit.

Répit dont il usait pour tenter de dormir un peu au coté de l'indienne quant il n'était pas au petit soin pour la désormais convalescente.
Il avait même osé un excursion loin d'elle, au moins a une grosse centaine de mètre pour profiter du thé de Lanthane lors de la fête...

Passant la main sur son crane pour jouer avec sa cicatrice comme souvent lorsqu'il était pensif, il lui apparut soudain qu'il en avait omis de se raser... Depuis "l'accident", un duvet clair colonisait le visage d'Ahèm.
Ce qui le fit doucement sourire sans cesser de chantonner a mi voix alors que les prières avaient cédées leur place en cet instant a la rythmique qui lui servait a minuter les cuissons en tout genre.

Il délaisse la contemplation de la pluie pour reporter son attention sur le bouillon qui parfume doucement la pièce sur le chauffage savamment bricolé par le légitime propriétaire de la bicoque, un coup de cuillère pour remuer le tout, un transvasement acrobatique dans deux quarts dont il se réserve le deuxième au chaud.

Puis après le silence concentré qui a présidé au service des quarts, les chants reprennent faiblement alors qu'il s'assoit sur le lit a coté de la jeune femme après avoir déposer le quart fumant qu'il lui destine sur ce qui sert de meuble de chevet.
C'est les mains libres qu'il se positionne a ses cotés et se penche vers elle pour la redresser doucement dans l'idée de la faire ingurgiter le bouillon quant il tombe sur un détail, rien qu'un tout petit... Les yeux ouverts d'Alisha...

Rien que ça.

Et voilà notre crane -pas rasé- qui la fixe longuement, mains suspendues a mi chemin, les yeux cernés aux pupilles brillantes et un sourire qui s épanouit lentement mais surement redonnant un peu de chaleur a son visage marqué.

[Alisha Kamakshi]

Les yeux d'Alisha fixent Am, visiblement déconcertés et interrogatifs. Elle ne dit rien et n'a rien à dire. Se souvient-elle même du son de sa voix ? Elle semble savoir à peine voire pas où elle est, ni qui lui fait face. Par mimétisme, elle se contente de rendre le sourire d'un air inquiet et se recroqueville dans la couverture. Il fait chaud mais elle a froid. Son instinct lui dit qu'elle ne devrait pas être là mais ailleurs, dans une de ces lointaines contrées qu'elle a vu... Peut-être dans un livre ?

Elle se souvient d'une entreprise, d'un bureau, de collègues. D'un tas de choses futiles et imaginaires mêlant paperasserie et vie de trentenaires névrosés. Elle ne sait plus trop et fait la moue. Et lui, qui était-il à la fixer ainsi avec ce sourire qui ne le quittait pas ? On se connait ? Je ne crois pas. Et puis qui suis-je moi même ? Je me sens enfermée dans une prison de chair dans laquelle je ne devrais pas être. Je me sens déjà à peine étouffer. Je me sens de trop dans un décor qui ne me ressemble pas. Qui suis-je ? Circonspection.

Elle relève alors ses mains vers son visage et le touche puis regarde ses mains, ses bras et soulève les couvertures pour visualiser son corps. Elle tente vaguement de bouger une jambe, un pied mais cela semble raidi, ça fourmille, c'est engourdi et lourd. Une impression de légèreté avait pourtant ponctué le moment avant son éveil. Elle ne comprend pas. Puis, c'est quoi tous ces dessins sur sa peau ? Des entrelacements, des fleurs. Elle frissonne et remet les couvertures en place pour mieux s'y emmitoufler comme une enfant apeurée, sans cesser de fixer Am. Ses yeux vont et viennent du visage au corps de l'homme, puis s'arrêtent sur cette barbe naissante quand l'individu semble chauve. Elle le fixe, continuant de garder le silence. Et lui, qui est-il ?

[AM 837]

Ahèm ramène doucement ses mains pour les poser sur ses genoux, tout sourire a regarder Alisha qui revient parmi les vivants.
Il doit avoir l'air niais avec ce sourire, niais mais infiniment heureux, au coté d'une Alisha qui redécouvre le monde qui l'entoure silencieuse, vaguement inquiète apparemment, peut être un peu déphasé après tant de fièvre et d'hésitation en équilibre sur le fil du rasoir.

Puis elle l'observe, comme un étranger, comme si elle ne le reconnaissait pas...

Toujours souriant, il met de coté les questions, les interrogations et les doutes, place a la patience et le calme...
Enfin se décide t'il a parler sa voix est un peu éraillée mais les intonations sont douces :

Bonjour Alisha... Comment te sens tu ?

La convalescence de la brune prends un tour nouveau et encourageant toutefois il n'en oublie pas pour autant l'essentiel, attrape le quart au chevet du lit avant de s'installer a coté d'elle en tenant le bouillon chaud entre ses mains pour le lui proposer.

Tiens, c'est tout chaud... Bouillon gras aux légumes...

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