Les aventuriers barges perdus...

[Jo Clay]

Quelques vingtaines d'années auparavant, le docteur Livingstone avait du se taper le même mauvais trip, quand il était parti chercher les sources du Nil, comme un vieux con mono-obsédé. "Une carte pas complète, des tonnes de vivres... Mais pas de porteur nègre, cette fois." Elle entasse les quintaux de vivres; réparti sa part équitablement de chaque côté de sa monture, une clope éteinte serrée au coin du bec... "Docteur Livingstone, je présume? Non connard, Jo Clay Kieffer. Jo pour Joanna."

Elle termine de répartir les charges sur sa monture, puis s'occupe de celles de Tamarie; trimballe les lourds sacs de vivres; les jette en travers sur le second cheval... Attache les sacoches, arrime des sacs à la selle... Puis se penche sur la gamine : rituel du départ. Réajustement des vêtements de la fillette, avec la touche Kieffer s'il vous plaît : arc trop grand pour la gosse en bandoulière, écharpe trop grande pour la gosse, enroulée autour de son cou, et qui lui mange la moitié du visage, sacoche à la hampe trop grande pour la gosse, qui lui pend le long du coté, jusqu'aux pieds. "Une vraie aventurière, mon trésor. Comme la dernière fois."

La cavalière retire un bout d'écharpe de sa protégée, pour l'embrasser sur la joue, avant d'allumer sa clope... Elle penche la tête en arrière, expulse la fumée par les narines... Tousse un peu. "C'mauvais pour la santé, ces merdes, ma puce. Faut pas m'copier, sur ça." Un râclement de gorge; accroupie devant la petite fille, elle la prend à la taille, la regarde de haut en bas... S'offre le luxe d'un sourire.

"Vrai qu't'as une dégaine d'terreur, ma puce. Y'a pu qu'à attend' Tara. M'dame Harpie comme tu dis. Elle charge ses affaires, et on décolle... T'as fait un bisou a mamie?"

Enième embrassade sur la gosse. De la peaume de sa main, elle ébouriffe ses cheveux sales... Et retire la clope de son bec, en la coinçant entre son pouce et son index, pour cracher par terre un mollard assez foncé...

"T'as pris toutes tes affaires trésor? M'sieur machindoudou..."

[AM 837]

Une vieille jument grise qu'Ahèm ramène dans son "box" de fortune, cette même vieille jument qui a vu plus qu'aucun être vivant la lune de la mercenaire, brave bête.
La voilà désormais "sa" monture et il en est pas qu'un peu ému notre crane rasé lorsqu'il noue la bride de l'animal après l'avoir emmener faire un peu d'exercice afin qu'ils s'habituent l'un a l'autre, l'amnésique et le canasson débonnaire.

Il sort une betterave de la dernière récolte, glanée après le passage des récolteurs, trop petite, trop difforme ou tout simplement oubliée mais néanmoins tout a fait valable en guise de friandise équine.
D'ailleurs la bestiole s'en donne a cœur joie et le bruit du raclement des dents du bourrin sur la racine rythme les soins élémentaires qu'il lui apporte...

Masser les tendons des pattes de la bête, curer les sabots avec un bout de métal tordu, Bouchonner à la poignée de paille pour sécher le poil... En se demandant vaguement ou il a bien pu apprendre ça, avant de hausser les épaules en souriant.

A quoi bon s'en inquiéter quand une réminiscence de ce type vous fait rire tout seul en avisant la carne qui a le bon gout de s'appuyer sur vous sans vraiment y mettre son poids tandis que vous lui curer les sabots des postérieurs. C'est toujours mieux que de se retrouver avec des passages a blanc et a vide quand on se retrouve avec une lame entre les mains.

Au moins avec une bon vieux gourdin de bois dur, ça risque pas de le reprendre...
Sur ces considérations, les soins terminés il jette sur le dos de la bête une couverture, debout a coté de l'animal a qui il a ramené sous le nez un tas de fourrage il pose ses coudes sur le dos de ce dernier pour laisser divaguer son regard sur le village et ses habitants.

Jusqu'à ce qu'il tombe sur un duo de silhouette plus que connu... La petite peste et sa grande sœur qu'il observe longuement, deux chevaux des arcs en visu et de nombreux sacs. Tout pour une expédition au long cour en bonne et due forme... Ouais...
C'est bien ce qu'il lui semblait, L'boucher en enfer a bouffer des brocolis en attendant d'être réincarné en paquerettes, la débacle a Fall Point.
L'en fallait pas plus.

Après un dernière tape sur la croupe de la jument, c'est un AM tout "frais" sorti de l'exercice, couvert d'un couche de poussière du manège, discrètement moucheté de brins de paille, le tout collé a la sueur séchée qui s'approche du binôme infernal en essayant de se composer son sourire habituel de bienheureux...