Clash familiale !

[Tamarie]

*Début d'une conversation entre Jo et Tamarie.*
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Jooo... JOOOOOOOOOOOO.

Je suis fatiguée, je vais plus pouvoir venir jusqu'à vous. En plus monsieur le cheval aussi il est trop trop fatigué et il veut plus avancer.

En plus dans la caisse y avait que de l'eau...

Petit soupir tout triste de l'enfant.

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La connasse mâchonne sa clope. Elle fait mine de se désintéresser de la gosse, l'observe quand même du coin de la jumelle, au loin.

Dans le talkie, la gosse n'entendra qu'un râclement de gorge, et un crachat, suivi d'un sec :

"T'as qu'à t'plaindre à ta mère."

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Bheu...

Sa lèvre inférieur frémis comme une sardine hors de l'eau. Ça fait une paye qu'elle à plus pleurer tien.

Pourquoi tant de violence tout d'un coup...

C'est avec une voix agressive qui ne cache pas ses sanglots qu'elle répond.

Rien à foutre d'abord de toi!

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Rageuse, elle balance ses jumelles... Ses yeux rougis, cernés, lui sortent des orbites, quand elle hurle dans l'émetteur :

"J'sais qu't'en as rien à foutre de moi ! Tu m'l'as déjà dit ! T'préfères l'aut' pétasse qu't'appelles ta mère et qui s'est jamais occupée d'toi !"

La main fébrile de la cavalière s'agrippe au talkie, tandis que l'autre cherche, aussi fébrilement dans l'intérieur de l'imper, une clope. Clope sur laquelle elle ne parvient pas à foutre la main. Et toujours aussi rageuse :

"Ben va leur dire, aux deux vieilles putes, que j'm'occupe pas bien d'toi. Comme ça elles t'prendront, et t'auras plus b'soin d'me voir."

[Tamarie]

Grosse connasse de merde!

La petite furibonde shoot dans sa radio, l'envoyant volé plus loin. Elle cherche autour d'elle, un autre truc à dézingué, Un défouloir providentielle qui saurait calmer ses nerfs, mais rien... Juste le cheval qui recule de peur.

Loin de sa radio, mais toujours audible, elle chiale, comme quand elle avait 8 ans... Des pleurs d'enfants déchirants le silence, bouleversants les dunes. La petite est perdue, seule au milieu de rien, son canasson à pris de la distance, sa radio aussi, elle n'a pas eu le choix. Et Jo qui sans raison lui en veut.

[Jo Clay]

"Petite pu... 'Tite..."

Les mots restent coincés dans la gorge de la connasse brune, alors que les larmes commencent à perler de ses yeux défoncés. Elle se laisse tomber en arrière, bras en croix dans la poussière, lasse. Renifle... Et merde, comment t'en es arrivée là? On trouvera bien... Pour l'heure, elle se recroqueville, et chiale, elle aussi. C'est pas constructif pour un sou, et ça arrangera rien... Mais elle a pas trouvé mieux, sur le moment. Trop fébrile pour faire autre chose.

[Tamarie]

La radio est toujours branchée, mais loin, trop loin pour qu'elle y pense, trop loin pour l'éteindre, trop loin pour être entendue.

La petite s'approche du cheval qui semble s'être calmer, on dirait même qu'il s'en branle comme de son premier sac d'avoine. Il broute un truc vert qui pourrait faire penser a de l'herbe. Tamarie ouvre les sacoches pour en extirpé un cahier abimé donc les coins sont rognés. Elle l'ouvre et prend la premier page vierge qu'elle voit pour la dépuceler avec son gros bic pointus. Elle noircit frénétiquement cette pauvre page, dans ses yeux, une lueur rouge mouillée.

Malaise certain qu'elle tente d'extirper d'elle en écrivant ses mots blessants et insultants envers Jo, sa grande sœur qu'aujourd'hui elle hait, sans le vouloir, sans le croire. Elle a besoin de Jo, mais pour le moment, elle la tue son cahier, la poignardant d'encre noir et blessant.

[Jo Clay]

Le temps passe. Plus de nouvelles... Quelques conneries radiophoniques... Boule de Billard qui donne son avis... Porta qui baragouine on ne sait quoi. Un coup de feu, et une boite d'ananas au sirop brulée, qu'elle balancera loin d'elle; les contes de fée de la princesse Kieffer, toujours aussi merveilleux.


"Et on fait quoi maint'nant?? Bordel de merde ! On fait quoi??"


La cavalière hurle, comme une demeurée... Même pas à l'attention de sa radio, ou de la gamine, ou de Tara... Juste seule comme une autiste. Alors on fait quoi? Peut-être commencer par passer dans une autre position que celle du quatres pattes bave aux lèvres et larmes aux yeux... Ouais... Ce serait un bon début. Elle se redresse, tant bien que mal. Son talkie grésille toujours à son ceinturon... Elle n'entend plus la gosse dedans...

Elle titube jusqu'à son cheval, farfouille d'une main fébrile dans le gros sac de vivres, harnaché derrière la selle, pour en tirer une boîte. Une vieille boite de fruits au sirop; ces boites périmées et sans étiquettes. Celle ci est imprimée "ananas" sur la féraille du dessous.

Munie de ses ananas au sirop, et de son flingue, elle se met à errer sans but, autour de son campement, les mains fébriles et les jambes flageollantes. A voix faible, elle marmonne :

"Tamarie... Re... Reviens... J'ai de l'ananas... 'Vec du sirop..."

Ses yeux rougis s'embuent à nouveau... Elle renifle, réprime un sanglot, poursuit :

"... J'l'ouvrirais normal'ment... J'tir'rais pas d'ssus... Y s'ront pas brûlés... Promis..."

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