Et l'incroyable se produit. Parfois.

[Jo Clay]

Dingue comme parfois, les choses semblent figées, dans le temps, ou dans la crasse... Plutôt dans la crasse, dans ce cas précis, alors qu'une Kieffer lasse mais sereine, retire avec peine le lourd manteau dégueulasse, qui pèse sur ses épaules. Engoncée là dedans, et couverte de merde et de sang, elle s'est forgée une armure, la pouilleuse. Une armure de chevalier des temps modernes, la classe et les idéaux de justice en moins. Ce genre de paladin qu'on ne veut absolument pas croiser au détour d'un chemin : mieux vaut encore se faire bouffer tout cru par le dragon.

Dingue, comme un bout de téton subtilement placé entre les lèvres, pendant une séance pleurnicherie chez le psy, peut avoir le pouvoir de changer des choses. Bousculer un peu les habitudes... Sacrément les bousculer, même, puisque voilà que la cavalière, une fois son manteau à terre, s'attaque à défaire un à un les boutons de sa chemise infecte, maculée de sang, de sueur, de poussière... Et d'un superbe dégueulis froid, tout récent... Quelques bouts de pillules blanches pas digérées se promènent encore entre les seins de la Kieffer, alors qu'elle fait aussi tomber la chemise, en scruttant les eaux noires du lac de montagne.

A l'abris sous les sombres crêtes qui entourent le campement : c'est certain, pas un voyeur dans les environs... Il aurait pu y en avoir deux, et ils gisent plus loin, les crânes plus ou moins défoncés... Le coin doit attirer les morts, à voir le nombre de cadavres dans les environs; certains plus frais que d'autres... Elle n'y prête pas vraiment garde. Elle se contente de défaire le ceinturon, sur lequel sont accrochés son holster, sa poche de poudre, et son sac de plombs... Laisse tout tomber au sol... Retire les bottes; laisse glisser le pantalon... Et la culotte dégueulasse. Tout un amas de fringues, et d'armes, à ses pieds. Auquel elle ne fait plus attention... Confiance en Tamarie, qui revient de son petit éclairage? Et en la borgne, qui ne peut pas risquer de se tromper d'oeil, à garder ouvert... Dingue, ces choses qu'on peut se permettre, quand on est en confiance.


Le pied nu enjambe un corps de femme, décharné, étendu au bord du lac. Les mouches et les vers s'activent sur la carcasse, dont le flanc vient régulièrement se faire lécher par le clapotis de l'eau... La cavalière, entièrement à poil pour l'occasion, passe outre la garde côte de service, dont une orbite semble être devenue le domicile d'un espiègle crabe blanc, tandis que l'autre conserve toujours un oeil, vitreux, pas encore bouffé par on ne sait quelle bestiole inspirée. Elle ne regarde même pas le corps, trop habituée à en voir, peut-être... Elle frissonne, au contact de l'eau... Lac de montagne oblige... Même si les journées sont chaudes, la nuit... C'est autre chose. Et la flotte est froide...

De l'eau jusqu'aux genoux, elle se penche, trempe ses mains, ses avants bras... Se mouille la nuque; grimace... Puis se lance, toute entière, tête la première. Quelques brasses en avant, jusque là où elle n'a pas pied... Elle barbotte; trempe abondamment ses cheveux, tente de les déméler, comme elle peut. Et quelques brasses, vers le bord, cette fois, en arrière, pour s'assoir là où elle à pied, à nouveau; de l'eau jusqu'à la poitrine. Poitrine qu'elle frotte, avec ses mains : se défaire du dégueulis de l'autre tarée... De la poussière, de tout le sang. Les cheveux, aussi... Dans lesquels elle passe ses ongles noirs, comme elle le ferait avec un peigne.

Et de siffloter, pour elle même, dans son bain... La gueule tournée vers les étoiles... De refaire ses films... Et de discuter, avec elle même... Comme elle aime à le faire.

"Hep, coco... C'ma copine, qu'tu tiens là... Rends lui son pantalon."

...

"Alors le petit trésor? Le petit trésor de sa maman? Elle veut un cadeau, la petite princesse? Maman a un cadeau, dans ses bagages... Mais pas pour maintenant, ma puce..."

...

"Mont' moi tes mains... Pédale... J'vais t'creuser un trou du cul au milieu du front si j'vois un poil d'ta putain d'moustache frétiller..."

...

"Un p'tit bécot, mémé... J'suis sûre... T'en meurs d'envie, comme moi. T'pourrais juste m'embrasser... M'prendre dans tes bras... Tu sais que j't'aime..."


C'est ça. Elle se cause à elle même, la demeurée... Demeurée qui pourtant va bien mieux... Toute occupée qu'elle est, à déméler ses cheveux.

[Zoé Zéro]

Une poignée de jours, en compagnie de Jo Clay Kieffer, et voilà que l'hispanique ne ressemble plus à grand chose.

Merdeuse, à l'entrejambe, perlée de sueur et de crasse, douchée au sang, à la Carrie, et raisonnablement souillée de vomi, de l'entre-nichons jusqu'au tatouage, qui encercle le nombril.

Alors que ses doigts pianotent contre la grosse machette, elle attend son tour, pour le décrassage intensif avec la dame de la thalassothérapie, qui raffole tant des crabes à la mayonnaise, entre deux clients...
Une grosse main d'homme tranchée est posée sur sa cuisse. Parfois, elle lui épluche un doigt, qu'elle balance, dans une direction bien précise...

Les vapeurs d'acétone et de chair cramée qui s'élèvent du grand feu de joie, à quelques mètres d'elle, la rendent ivre. Béate. Contente d'être là, plus pouilleuse qu'un chien errant, aussi puante qu'une damnée clocharde, elle, la maniaque de l'hygiène. Deux corps masculins, vidés de leurs intestins, enroulés dans du fil barbelé, se font face, la tête de l'un sur l'épaule de l'autre, et vice versa. Deux gros piquets de fer traversent chacune de leurs anatomies, de l'anus jusqu'à la gorge, et ils tiennent l'équilibre ainsi, au dessus des flammes, en formant une sorte de petit triangle précaire. Bientôt, ils ressembleront à deux tranches de pains grillées, boursouflées de croûtes noirâtres.

Le monument, mal agencé, s'effondre sur lui même après dix minutes de grand brasier, et les flammes redoublent d'appétit, sur les petites brochettes allongées.

« J'suis l'adjointe de puta madre du Marshall Jo Cla' Kieffer. Putain ouais. Ca a d'la foutue gueule. Jo Cla'. Jo. »

…

« Jo. »

…

« Jo... »


Elle répète le nom inlassablement, en coupant les doigts restants comme du saucisson, non sans forcer; de la saucisse sèche bien dure, presque bétonnée, qui finit sa vie, dans le grand incendie.

[Tamarie]

Une foi encore, la petite prend ses affaires et quitte le groupe, pas pour longtemps, jamais loin de sa mère, elle aurait trop peur, Jo pas Tamarie. Assise sur son cheval, une jambe qui pendouille, l'autre croisée sur la cuisse voisine, elle note, tout, des trucs sans importances, d'autres plus personnel.

Visite rapide, des dunes de sables jaunes à perte de vue, des montagnes sur sa gauche, c'est toujours le même décor, à quelques cadavres près. Et justement, plus rien, nada, nawak, aucun mort devant elle, étrange, d'où elle vient ils sont des centaines, rien que près de leurs bivouaque ça sent la charogne à plain nez. La petite s'arrête, se dresse, à deux pieds sur son cheval qui ne broche pas, on est même pas sur qu'il se rend compte que quelqu'un le chevauche.

une main sur ses sourcils comme les indiens, elle scrute devant et derrière, les cadavres et le désert vierge. Shangri-la et la république sérénissime d'aurore. Contraste amusant mais qui donne matière à réfléchir. Sa maman va arranger les choses, équilibrer, ajouter quelques mort du coté de l'aurore. Elle jette son cul sur son cheval, elle vient de prendre conscience que la vie est fragile, elle se rappelle qu'il y a quelques lunes, elle était poursuivie par un gros cannibale et qu'elle fuyait dans une voiture poussée à toute allure, conduite par Jo.

Elle rentre, le visage amusé, c'est des bons moments et elle en vivra surement plain d'autres, surtout avec Zoé qui s'en prend plain la trogne. Elle rentre enjouée surtout en voyant sa mère se laver. Réflexe de petite fille, Tamarie saute dans les bras de Jo, elle nue, la petite habillée avec un robe devenue trop petite. Elle embrasse sa maman. Début de jeu enfantin ou elles s'éclaboussent et se chatouillent dans l'eau.

[Alisha Kamakshi]

La famille ne serait pas au complet sans Alisha. Les trois drôles de dame et leur rejeton. Pas vraiment de charlie pour donner des ordres de mission hormis la vieille à lunette sans verre. Elle râle l'indienne, elle ronchonne, elle rumine toute seule dans sa grange. Elle joue avec des bouts de bois et dessine des runes sur le sol poussiéreux, faisant cliqueter les boutons de sa radio en espérant quelque chose, quelqu'un. Pour sûr, elle aimerait se faire kidnapper avec demande de rançon, on verrait si elle sert à rien avec son cheval. Mécontente, maugréant sur un coup de sang, elle attrape ses maigres biens, ses affaires, selle son cheval et direction la sortie. Puisque c'est comme ça, elle rejoindrait Jo, Zoé et Tamarie et participerait à la mission qui leur avait été confiée.

Elle avait été dans le sens de la vieille, avait tenté de calmer les esprits, prenait du temps pour éviter des merdouilles à droite et gauche, se renseignait sur tout, était prête à aider en ayant fait pas mal de missions pour amener ci ou ça. Finalement, le nouveau groupe de connasses s'en était bien sortie mais elle non, elle servait à rien avec son cheval donc elle n'irait pas à RSA. En gros, voilà l'utilité d'être sympathique et le contraste saisissant entre des caprices d'une part et être conciliante de l'autre. Noté. Elle allait donc servir à autre chose. Elle attendait depuis longtemps d'aller à Aurore et nul n'imaginait à quel point c'était important, après avoir tant attendu Jo et Tamarie des lunes durant, avant que les deux ne repartent encore une fois sans elle.

Sans elle n'était pas imaginable. A peine le temps de se revoir et paf, plus personne. Pas comme ça qu'elle envisageait les choses. Alors, au triple galop, elle se dirigea dans la direction prise par le groupe, la larme à l'œil, visiblement déçue. Scrutant l'horizon, c'est à peine si son attention se détourne de la route. Attention qui fut vite reportée sur un jeune adolescent ayant décidé de la stopper dans sa course vagabonde. Il la hèle, elle ralentit en haussant un sourcil, s'apprêtant à demander si elle peut apporter une quelconque aide. Attrapant la bride, il tente de la déséquilibrer et le pire c'est que cela marche. Alisha n'a le temps de rien, ne calcule rien et les yeux ronds comme des soucoupes, chute alors au sol. Il se jette sur elle en parlant de promesse, en baragouinant qu'elle est la plus belle chose au monde. Une baffe retentit, l'indienne est choquée par ses manières jusqu'à essayer de le bloquer et le calmer. Est-il drogué ? Un coup de soleil sur la tête ? Elle ne sait pas mais le visage de son adversaire prêt à tout pour tenter de lui ôter ses fringues change. Ce n'est plus un adolescent, c'est un chauve avec une cicatrice sur le crâne. Elle tremble, elle hurle, elle se débat et lui dit de stopper ça, de la laisser tranquille mais l'autre continue. Il continue tant et si bien que l'indienne, le ventre noué, la bouche pâteuse et le regard affolé se retrouve coincée entre le sable et un corps puant la sueur, la crasse et les hormones en ébullition. Un sexe dur et turgescent qu'elle sent vouloir la visiter. Il était déjà sorti l'oiseau ridicule cherchant son nid. Terrifiée, elle se défend, sans trop se souvenir comment, jusqu'à ce que l'autre ne bouge plus. Effarée, elle comprend par un regard circulaire que le gamin se masturbait en matant au loin jo à poil. Elle vomit et, la main tremblante, recouvre le corps de sable en marmonnant une vague prière pour le repos de l'âme.

C'est très perturbée qu'elle remonte sur sa monture et qu'elle poursuit sa route. Hébétée, elle finit le voyage mal en point mais elle le finit. Sans un mot pour Tamarie et Zoé, elle se déshabille à son tour. Son corps est zébré de griffures, d'ecchymoses, surtout le bas du dos comme si on l'avait frappé rudement même si les marques s'estompent petit à petit bien qu'encore très récentes. Un bout de savon dans les mains, elle entre d'un pas incertain dans l'eau en dévisageant gravement Jo et les yeux embués de larmes.

Me laissez pas.

[Jo Clay]

Ragaillardie, complètement : la mercenaire dans son bain. Un grand sourire, un vrai, cette fois, qui illumine son visage ruisselant, alors qu'elle barbotte, complètement nue... Joue avec la petite fille habillée... Dingue, comme elle semble avoir repris des couleurs; s'autorise même le luxe de rire, en chatouillant la fillette. La peinture du bonheur sur fond de toile rouge, faut croire... C'est tout de même quelque chose. Cadre idyllique... Ou presque.

Sans crier gare; sans même prévenir avant, Alisha est sortie de nulle part. Bordel; Alisha, l'indienne, complètement à poil, armée d'un savon... Qui avance dans l'eau, larmes aux yeux, vers la cavalière et la petite... Il faut du temps à la Kieffer, pour réaliser... Tamarie serrée contre elle, elle regarde la danseuse avancer, un sourcil haussé... Surprise, apparemment... Ca, c'est pas dans le plan.

"Miss... Miss Calcutta... J'ai loupé..."

Loupé un épisode, oui... Ca c'est certain. La princesse des bidonvilles étant censée se trouver à plusieurs lieues de là, à escorter une caravane de matériels divers... Caravane normalement sous la protection de la Kieffer, mais on ne le dira jamais assez : c'est dingue comme les choses changent vite, dans ce coin de pays... Elle embrasse Tamarie sur le haut du crane, laisse Alisha approcher, avec son savon... Alisha en pleurs, qui demande à ne pas être "laissée"... Bien sûr... Bien sûr, pourquoi pas... Pourquoi pas se tailler une ligne de conduite noble... "Le Marshall Kieffer ne laisse personne derrière". Hein, Adjoint Criquet? Qu'est-ce que t'en dis? Putain... Qu'est-c'que j'fous là... Et surtout... Qu'est-c'qu'ELLE fout là?

Et plus elle avance, l'indienne, plus le sourcil de la cavalière se fronce... Le bleu, découvert dans le bureau de Lanthane. Partie émergée de l'iceberg... Les marques de coups, de griffes, sur le corps de la contorsionniste; les bleus, les ecchymoses... C'est ça; elle fronce les sourcils, réfléchit, recoupe; colle, assemble... Le cerveau travaille vite. Un cerveau presque plus malade? C'est bien possible... Un cerveau qui va mieux, en tout cas... Assez vif pour comprendre que quelque chose cloche. Avoir une idée d'à quel niveau ça cloche... Et de comment "déclocher" le tout... Mais elle se tait, pour l'instant. Elle se contente, tout en tenant la petite fille d'une main, par l'épaule, de tendre son autre bras à la Alisha, l'invitant à les rejoindre...

"T'inquiète donc pas... N'est là... Pour sûr..."

Elle renifle, crache dans l'eau, bras toujours tendu...

"... T'laisse pas..."

[Tamarie]

Moi je voulais jamais laisser personne!

Parole franche et directe de la petite Tamarie, toujours habillée, qui va, tout en restant collé à Jo, prendre Alisha dans ses bras. Retrouvailles, les vrais de vrais. Pas comme les saluts merdiques devant Shangri-la. Elles sont de retour, encore plus violentes, encore plus grade (pour Tamarie) et saines d'esprit. Le mieux c'est qu'elles ne sont plus seulement trois, elles sont quatre. D'ailleurs, il manque une femme toute nue dans cette mare d'eau croupie... Et on parle pas de la morte que Jo à décrit plus haut.

Elles sont heureuses, retrouvées et blessées, toutes avec poids plus ou moins lourds qui les pèsent, elles se soigneront comme elles l'ont toujours fait. Et Tamarie est là pour les sauvées, car on l'oublie trop souvent, mais c'est Tamarie l'héroïne ici, pas Jo... Bref, tout est bien qui recommence bien.

Moi je vous laisse plus jamais vous en aller.

Dit elle en se frottant le visage contre les corps nus d'Alisha et de Jo Clay Keiffer.

[Zoé Zéro]

Il en manque une, c'est vrai, de femme nue et larmoyante, pour compléter le joli tableau des familles...

Sauf que la petite dernière, dans la lueur des braises mourantes, saute à pieds joints sur les deux troncs calcinés. Donne de violents coups de pieds dans les crânes...écrase sa machette, parfois. S'acharne. Un nuage de cendres saupoudre la scène.

Elle monte la garde. Bien sagement. Comme Jo Clay Kieffer lui a demandée...

[Alisha Kamakshi]

Des larmes roulent sur les joues de l'indienne qui part se blottir contre jo, en accueillant de l'autre bras, la petite Tamarie. Faisant peu cas de Zoé, est-il utile de le préciser, la famille de dingues version L-World au grand complet connement figée au milieu de la flotte à se consoler, se câliner.

Je veux pas que vous m'abandonniez...

Ses lèvres gercées par la chaleur et la petite blessure en cours de cicatrisation, elle dépose pleins de baisers sur les joues de sa comparse et de l'enfant. Paumée la Alisha ? Peut-être. Bipolaire, sûrement. On choisit pas sa famille mais au moins celle-ci, elle y était attachée et elle n'imaginait plus vraiment sa vie sans.

Tout dans le pathos et le mélodramatique, l'indienne se soucie guère moins des gens pouvant les épier, se soucie encore moins qu'on voit son corps abimé. Elle est là, elle est bien, elle ne veut plus bouger, enserrant avec force jo et Tamarie comme pour ne plus les lâcher.

J'ai ma tente, on sera bien installé. Promis ! Et je ferais à manger aussi, et je... Et je...

Nouveau reniflement, nouveau sanglot. Véritablement, quelque chose clochait chez une Alisha qui laissait voir un visage franchement pas habituel. Terminé le cynisme, les gros bras, la provocation... Juste une petite chose fragile, comme un chien sans collier mais qui pouvait cela dit avoir les crocs acérés quand il s'agissait de se défendre.

[Jo Clay]

Véritablement, quelque chose cloche, c'est très clair, c'est très vrai... La Alisha toujours en larmes, blottie, comme ça... Bordel, Alisha blottie contre elle : c'est pas qu'elle en a pas rêvé, la connasse... Elle y pense, en serrant l'indienne et la gamine. En caressant les cheveux de la danseuse; murmurant par-ci par-là que tout va bien... Que tout est ok... Qu'elle est là et que tout va bien se passer... Elle y pense. Et elle pense aussi que non : c'est pas dans ces conditions, que ça devait se produire. C'est pas ça qu'elle veut... Pas comme ça. Mais merde : c'est une princesse, la Kamakshi... Qu'est-ce que tu veux... Qu'est-ce que tu fous... Elle colle pas dans le décor. Et pourtant, elle s'y accroche, au décor, et elle s'y colle depuis le début... "C'est ok, bibiche... Chiale pas..." ... "Chiale pas, princesse... J't'embarque... C'sûr."

Elle caresse les cheveux de l'indienne, distraitement... Sa main glisse sur ses épaules... Le milieu de son dos, nu... Ses doigts évitent soigneusement les marques de coups, qu'elle comptabilise, tout en continuant de murmurer des choses qu'elle pense rassurantes, sur un ton qu'elle veut calme, et apaisé. La main n'ira pas se promener dans le bas du dos, là où les traces sont les plus nombreuses, et les mieux marquées... "Personne t'abandonn'ra, bibiche... T'vois bien..." ...

Effectivement, quelque chose cloche; la cavalière en a de plus en plus conscience... Elle prend la petite par une épaule, et Alisha par l'autre, pour les pousser vers la rive, hors de l'eau. Et plus fermement, plus directive :

"On r'tourne au camp. Alisha, comme t'es là on va faire les comptes : les munitions d'abord, c'l'plus important. On verra ensuite pour les vivres, mais 'vec mon charg'ment, on a l'temps d'voir venir."

Elle penche sa tête vers la fillette :

"Tam', trésor, tu vas mett' ta p'tite robe à sécher à coté du feu, s'non tu vas choper une salop'rie... On t'collera dans une couverture, l'temps qu'ça sèche... J'lav'rais mes fringues par la même occaze... On est pas pressées d'décoller t'manière. Y'a pas rencard."

Elle les pousse toujours vers le feu, là où l'on peut voir la silhouette de la Zoé s'exciter plus que de raison sur un brasier... Allez savoir ce qui arrive, encore... Et d'hausser les épaules : après tout, si la Alisha, la Zoé, ou la gamine, même, ne sont pas forcément faciles à vivres... Pas forcément bien saines d'esprit, ou quelque chose du genre... Elle n'a pas toujours été mieux... A vrai dire, elle n'est peut-être toujours pas mieux...

Quoiqu'il en soit, c'est un duo de nudistes maigres, et une petite fille en robe, trempée de la tête aux pieds, qui revient au campement cette nuit là... Un campement de gens recommandables, c'est certain... Les justicières du coin... Armées jusqu'aux dents; certaines particulièrement bien achalandées en drogues, d'autres en alcool, ou en peluches usées... Bref, un trio de grandes demeurées, somme toute... Qui rejoignent une détraquée, les pieds joints dans un tas de cendres fumantes, duquel on peut encore voir dépasser clairement des restes humains... Bien sûr chérie, un corps brûle pas comme ça.

Et la Kieffer, de grimacer... Puis à l'attention de la petite borgne :

"C'bon fillette... J'te r'lève pour la garde. T'peux aller t'nettoyer. Embarque la machette 'vec toi... Tu gueules si y'a du grabuge. Tu gueules... Moép."

...

"Et frotte partout."

[Zoé Zéro]

« Cla-ro. »

Peut être bien qu'il neige, en été, alors que la Zoé secoue nerveusement quelques mèches de cheveux, pour en faire tomber les fines pellicules de cendres qui s'y étaient déposées. Un demi-sourire à Jo Clay, à peine appuyé, un peu grimaçant, le nez froncé, puis s'en va, vers le chargement de son cheval, en faisant de petits moulinets dans le vide avec la machette.

Un pain de savon, un morceau de couverture et puis s'en va...s'en va...en croisant A... En croisant Alisha ?! Elle s'arrête un instant, bouche bée. Arrête les rotations de son arme, pour subitement serrer le manche plus que de raison, les veines saillantes, le poignet un peu tremblant.

« Ah. »

C'est tout ce qui arrive à sortir de sa bouche. Un « Ah. » amer, mal aimable, passablement glacial, malgré la chaude voix qui le profère. Elle fusille du regard l'indienne, avant de hausser les épaules, peut être pour se donner un semblant de contenance, ou meubler la conversation... Puis se dirige, en bougonnant quelque chose dans sa langue natale, vers l'endroit d'où viennent les trois comparses... Se refaire une santé. En frottant bien entre les oreilles...

Après quelques mètres, on la voit tomber. S'écrouler pour rien. Peut être qu'elle n'a rien dans le bide...peut être manque t-elle dangereusement de sommeil...peut être est t-elle complètement pétée, sonnée, choquée... En pilote automatique. Elle arrive à se relever, fébrile, en s'aidant de la longue lame, et reprend sa route, en claudiquant. Ombre éclaboussée de sang, aux fumets excrémentiels, aux relents de bouche-d'égout, dans son halo de cendres grises, au milieu de la pénombre. Qui l'avale.

[Alisha Kamakshi]

Elle avance toujours et encore lorsque Jo la pousse vers le campement. Quand son regard croise celui de Zoé visiblement ayant l'envie de l'étriper; elle se contente de hausser les épaules amèrement sans même cacher son corps nu. Elle observe les cendres, jette un regard vers sa comparse en haussant de nouveau les épaules. Elle s'en moque, elle n'est plus à ça près.

Attrapant quelques vêtements, elle se rhabille en ne cessant de fixer Jo.

La femme gouttière, l'air de ne pas y toucher et refermée comme une huitre qui sèche ses larmes en remettant ses habits, manquant de les vêtir à l'envers alors que ses deux orbes d'obsidienne fixent toujours la brune. Semblant vouloir dire quelque chose, elle se ravise. Une idée, une seule. Une bouteille de whisky qu'elle extirpe de son sac et dont elle boit quelques rasades revigorantes. Quand elle entraperçoit zoé se casser la gueule, ça lui tire un sourire amusé.

Alors seulement, elle se relève pour installer sa tente tout en picolant.

Jo ? Tu as baisé avec elle aussi ?

[Tamarie]

La gamine obéit, pour changer un peu, pour être bien vue, Alisha est revenue, faut lui faire croire que Jo s'occupe bien d'elle et tout. Arrivée au campement, enfin près du feu, elle retire sa robe, sa petite culotte et comme les deux autres, se retrouve nue au milieu du désert. Elle met une couverture sur elle, celle qui couvrait son canasson un peu plus tôt, rien de telle que l'odeur et la chaleur d'un cheval.

C'est à se moment là qu'elle voit les coups sur Alisha et sans trop savoir pourquoi, elle se tait. Drôle de réaction pour la petite bavarde qui n'a rien à dire, on l'entend juste répondre à la question fatidique de l'indienne.

Oui, tout le temps!

[Jo Clay]

Complètement nue, c'est ça; alors qu'Alisha se rhabille en la fixant, et que Tamarie s'enveloppe d'une couverture... Visiblement, elle ne juge pas important de s'habiller, pour l'instant... Et pourquoi faire, après tout? Ses seins abimés, la fillette les a vus... Alisha les a vus... Zoé les a vus... Au lieu de se couvrir, elle s'assied, contre un rocher... Renvoie à l'indienne son regard; sourcils froncés... Le genre de regard qui te dirait : "Vas-y, raconte moi tout." Mais rien ne vient, bien évidemment... Puis suit du coin de l'oeil la progression de la borgne, qui chancelle, se casse la gueule... Se relève... Une grimace de la Kieffer. Lasse, elle coince son arête nasale entre son pouce et son index, ferme les yeux quelques secondes...

Jo? Tu as baisé avec elle, aussi?

Oui ! Tout le temps !

Pas important, la cavalière en tenue d'Eve hausse les épaules, en fixant à nouveau la Miss Calcutta, qui de dos, s'affaire sur sa tente... Tente que la Jo n'avait encore jamais vue, soit dit en passant... Certainement encore un bric à brac à la con, qui les surchargeraient plutôt qu'autre chose... Et pourquoi pas prendre une collection de chaussures, tant qu'on y est? Elle soupire...

"Ouaip... Baisée. 'Fin... Baisée, c'pas l'mot..."

Sans prendre garde à la présence de Tamarie :

"J'y taite les nibards, d'temps en temps... Pendant qu'elle m'fourre ses doigts. T'sais qu'elle sentait bon l'propre à un moment, c'te gosse? L'avait un goût d'Avant... Un goût de... D'comme quand tu vas chez l'toubib... Ou dans les couloirs d'un hosto... Moép. Moép, j'la baise... J'la baffe... J'la..."

Elle fait mine de porter une clope imaginaire à ses lèvres, suçote les bouts de son pouce et de son index en pince, avant de poursuivre :

"J'lui sauve le cul, d'fois, aussi... J'la respecte... J'lui file c'qu'elle à b'soin : des mandales et d'l'affection... T'vois l'genre."

Convaincue par son propre discours; certaine d'être tout à fait saine d'esprit, et droit dans les rails des moeurs parfaitement normales d'une société complètement bien sous tout rapports, elle s'étire; coince sa narine droite avec son pouce, et souffle fort avec la gauche, pour la dégager de tout ce qui l'encombre...

"Sept charges d'poudre. C'tout c'qu'y m'reste. J'en avais huit, mais j'ai vidé une charge complète sur deux connards, et bouffé trois plombs. A c'rythme on va pas jouer les cow girls longtemps... On va d'voir économiser la poudre au max et tirer à l'arc aussi souvent qu'on l'pourra. J'fondrais des plombs au prochain camp'ment... Et..."

A l'attention de Tamarie :

"Trésor, maman a laissé son manteau et ses habits tout mouillés au bord de l'eau, après qu'elle les a lavés... Tu veux bien me les rapporter s'te plait? Et m'rapporter aussi mon ceinturon et mon pistolet... Et mes cigarettes... Les cigarettes elles sont à coté du ceinturon de maman. Avec la bouteille. La bouteille tu peux boire un peu dedans si tu veux, mais les cigarettes t'y touches pas... D'accord ma puce?"

[Zoé Zéro]

Arrivée au bord de la flotte, après avoir planté sa machette dans le crâne de la jolie sirène cadavérique, et placé à côté la couverture accompagnée du savon, une Zoé livide remarque le tas de vêtements de la Kieffer.

Son oeil s'arrête sur le paquet de cigarettes. Longuement. Trente secondes, comme ça, à rester bloquée.
Puis, en tremblant comme une feuille, elle se met à tourner sur elle même, comme une girouette. Regarde à droite, à gauche, derrière elle, l'air complètement paniqué. Semble tendre l'oreille. Retire la lame du macchabée, enserre le manche à deux mains, désormais à l'affût du moindre bruit suspect.



« L'est...l'est là. Mierda. L'est 'core là... »



Y'a rien, pourtant, ici. Rien qu'un tas de guenilles et quelques cigarettes. Les nanas qui causent au lointain. Une sirène dégueulasse, aussi. Et pourtant, elle avance, l'arme brandie, prête à découper quelques tranches d'on-ne-sait quelle menace présumée.



« 'culé... j't'aurai 'culé...'culé...'culé... »



Elle se rétame la gueule une ultime fois, en trébuchant contre le corps. Gémit un instant, alors qu'elle patouille, en mollusque navrant, dans le sable mouillé.



« T'va bien. J'vais bien. Putain ouais. J'vais bien...j'suis en vie...c'est...c'est juste celles de Jo...c'est juste... Putain ouais. J'débloque à mort... J'vais bien... »


La borgne, une fois assise, après s'être pris la tête entre les mains pendant une bonne minute, finit par trouver la force de se déshabiller. Tout y passe, même le cache oeil, qu'elle dépose près des affaires de la mercenaire, alors qu'elle emporte le savon et le reste, culotte, falzar, soutien-gorge, hormis rangers, dans le lac. Le cache-oeil, qui attirait tant la petite Tamarie... Posé juste à côté des cigarettes...
A genoux, dos à la berge, la surface de l'eau atteignant à peine la poitrine, elle fait son office. Ses longs cheveux bruns cachent à la lune sa monstrueuse deuxième moitié de visage, alors qu'elle frotte sa peau comme on râpe un fromage...

[Tamarie]

D'accord m'an!

La petite fille laisse tomber sa couverture, trop encombrante, puis il fait toujours chaud, et sa mère aussi à les miches à l'air donc pourquoi pas elle. Elle fonce en direction de la baignoire, toujours heureuse de rendre service à sa môman. Et puis elle s'en rend compte quand elle est de trop, les deux cavalières veulent être seules pour faire, dieu seul sait, quelle cochonnerie.

Cours effrénée vers le basin où baigne l'hispanique borgne,corsaire de sa majesté Jo Clay Keiffer. Elle s'arrête de courir pour s'approcher discrètement de la belle sirène qui lui tourne le dos, silencieusement, sournoisement même. Jouer une blague, bien sûr, mais la quelle? Tamarie ne sait pas encore, mais va vite avoir une idée.

Elle s'approche de la pile de vêtement et là, révélation, le cache œil. L'idée même de faire une blague vient de lui passer, elle le prend et le met. On dirait qu'il à été déposé là justement pour qu'elle l'attrape. Mais il y a quoi normalement en dessous. Chez elle, elle voit une lumière jaune, mais pourquoi Zoé le met elle. Elle le saura bien assez tôt quand elle le cherchera.

Vite mais silencieusement, elle prend toutes les affaires de la mercenaire et s'en va, sur la pointe des pieds, vêtue uniquement du cache œil, elle réapparait devant Jo et Alisha.

[Zoé Zéro]

La gueuze trempée, les cheveux ramassés en un chignon brouillon, la couverture plaquée au niveau de la taille, la généreuse poitrine à découvert, arrive après une bonne heure au campement, et balance ses fripes mouillées près du feu.

Groggy, les mains serrées contre la poitrine, elle tremble, en perdant son regard au gré des ondulations des flammes, écartant les orteils pour les faire bouger mollement, comme des asticots.
Un regard qui n'a rien de beau, à présent. Hideux, même. Une minable boule en résine, sans aucun iris de dessiné, à l'oeil droit, cerclée par un réseau de cicatrices boursouflées, aux dénivelés douteux. Des traces de vieilles brulures au second degré pourtant bien droites, en réalité, comme la lame d'un couteau; un bouquet de rayons, rosâtres et crémeux, autour d'un astre livide. Plus rien n'a poussé, au niveau du sourcil, lardé lui aussi d'une entaille aux bords desquelles se hissent quelques petits boutons irrités, de l'acné rachitique, sans doute dû à la friction du cache-oeil, saupoudré de transpiration.

Pustules et marques indélébiles mangent le cuivre de son épiderme, comme la rouille sur le fer de la maudite machette.

Un gros temps d'absence, avant qu'elle ne porte quelques doigts à l'endroit critique, se rendant soudain compte de la nudité non-désirée. Des doigts qui se crispent et qui encerclent la zone, alors que l'oeil valide bondit sur le visage de Tamarie, dans les bras de la Jo Clay. Les mots sont douloureux. Les autres putes sont en train de raconter des conneries, à la radio, et gloussent comme des dindes, de manière plus ou moins élégante, selon l'origine ethnique.

« R...rends moi ça. C'pas un jouet, putain non... C'pas un putain d'jouet d'enfant d'chiotte ... T'ENTENDS ?! QU'ELLE ME RENDE LE CACHE DE PUTA MADRE, CLARO ?! »

Peut être bien qu'ils sont douloureux, mais comme un doux poison, emplissent le sang de la borgne et l'engorgent de haine, alors qu'elle se lève précipitamment, et enfonce ses doigts dans l'horreur, pour en extirper la balle de ping-pong. Elle plante son visage à quelques centimètres de celui de la gosse, qui peut maintenant contempler une paupière couturée battre au dessus d'un petit puits vide, couleur boyau.

« R'GARDE MOI ! CA T'FAIT MARRER ?! HEIN ?! T'VEUX MON OEIL D'VERRE P'DANT QU'T'Y ES ?! MIERDA !»

"Oeil de verre" qui glisse entre son index et son pouce dans un mouvement circulaire, puis qu'elle réenfonce dans l'orifice avant...avant l'irréparable, sans doute. Une claque pleine de rage s'étale, le long de la joue de la petite Tamarie, en déguisement de pirate.


C'est maman, qui va être contente...

[Jo Clay]

La petite, qui revient avec les affaires de sa maman; maman qui va tellement bien, on ne le dira jamais assez... Les affaires étendues au coin du feu, l'air heureux de la gamine, qui arbore fièrement son nouveau déguisement de pirate... Non. Rien ne cloche. Rien ne cloche, à tel point qu'elle s'offre encore le luxe de rire, maman. Oh oui. Maman rit. Entièrement nue... Sa poitrine sursaute, quand elle rit; elle prend la gosse doucement, a la nuque, la tire contre elle, pour la serrer, la cajoler. Petite princesse, jamais punie... Même quand elle est l'auteur des pires conneries...

Rien ne cloche, donc... Rien. Si ce n'est peut-être... Le nouveau déguisement de pirate? Pas de quoi inquiéter la Kieffer, en tout cas. Du moins pour l'instant...



Zoé se sent mal. C'est visible, quelque chose cloche... Quelque chose qui échappe à la cavalière, perdue dans la contemplation de la chair pourrie et ravagée, là où il devrait se trouver, normalement, un cache oeil de cuir... La cavalière à poil, qui serre la fillette au bandeau de pirate contre elle; interdite... Littéralement bloquée sur la tronche ravagée de la fossoyeuse... Interdite, jusqu'à ce que celle-ci ne commence à s'emporter, de manière totalement justifiée, d'ailleurs...

"Minute fillett..."

Elle n'a pas le temps de raisonner la borgne écumante, la mercenaire, que déjà, l'autre tarée s'arrache la balle de ping pong qui lui tient lieu de mirette de substitution, pour la coller sous le nez de Tamarie, hystérique... Et ça, c'est pas pour plaire à la brune, qui a une idée toute personnelle de l'éducation de la petite fille... Une idée qui exclut totalement les remontrances, les cris... Ou... "Att..."

*SHLACK !!*

La gifle s'écrase sur la figure pâle de la petite princesse gâtée pourrie, toujours serrée contre sa "maman"... Elle claque, résonne, alors que sous l'impact du coup, la fillette tourne légèrement la tête... Et là... Là forcément, ce n'est plus du tout l'idée de l'éducation que se fait la Kieffer, qui va - on ne le dira jamais assez - tellement mieux. Tellement mieux, oui... Au point non pas d'attraper le flingue, accroché au ceinturon posé par terre, pour descendre sur place l'agresseur de "son trésor", mais simplement de se relever brusquement, en poussant la petite sur le coté, sans ménagement...

"Pétasse... J'vais t'crever !"

Sans ménagement, non plus, qu'elle saisit violemment les cheveux de la mexicaine, d'une main, pour la tirer vers elle... Elle ne fait plus guère attention à la figure mutilée, maintenant; elle se contente de placer son poing, en uppercut, dans le foie de la borgne. Une fois... Deux fois... Trois fois; toujours en lui maintenant les cheveux... Et de lui enserrer la tête, dans ses bras, pour la presser contre elle, plus encore... Flanquer un vicieux coup de genoux dans le ventre de la pauvrette.

"L'éducation d'la petite..."

Encore un coup de genoux dans le ventre, puis une gifle, qui s'abat sur la tronche de la borgne, du coté sain de sa figure, avant que la salope dépoilée ne la relâche, en la poussant violemment en arrière; non sans avoir préalablement placé son pied derrière la cheville de son adversaire, qui tombe au sol... "C'moi que j'm'en occupe."

Et de se retourner vers la gosse; visage dur, colérique, alors qu'elle la saisit presque aussi brusquement que la Zoé... Mais par l'épaule, cette fois. Elle tire la petite vers elle, lui arrache brusquement le bandeau de pirate, qu'elle lui colle sous le nez...

"C'te saloperie... T'y touches plus."

Elle fait volte face, jette le bandeau au visage de la Zéro, toujours étendue au sol... Se penche sur elle, pose sa main sur son ventre douloureux, doucement... Masse, un peu...

"Là... Ca va... J't'ai pas amochée. T'vas aller mieux... Tu fais la conne, et tu t'fous dans la merde toute seule... Tu vois c'que ça fait? Tu d'vrais pas t'mett' dans ces états... Inquiète toi pas... Ca va aller..."

Calme, maintenant, la cavalière caresse doucement le ventre de l'hispanique... Puis la joue, qu'elle avait violemment giflée... Elle la caresse avec douceur, en rapprochant son visage creusé du visage abimé, pour murmurer :

"Tu r'fous ta main sur la petite... J't'arrache l'oeil qui t'reste, j'te chie dans l'orbite, et je touille le jus d'ma chiasse et d'tes neurones avec une bite... Crois moi... C'pas pa'c'que j'en ai pas, qu'j'en trouv'rais pas une..."

[Tamarie]

On ne peut jamais être heureux, la vie est un long fleuve de merde où l'on nage à contre courant la gueule grande ouverte. Une fois de plus, c'est le cas. Elle s'amusant, enfant et pure, la petite Tamarie, sage et innocente. Prendre le bandeau de pirate, c'est marrant, c'est loin d'être une mauvaise blague, une bêtise. Donc c'est la vie qui s'acharne.

Elle est près de sa mère, nues, toutes les deux, et elles s'amusent à la radio, discutions soutenue avec une autre gamine et des messieurs bizarres. Zoé était là, calme, comme l'eau croupie qui dort, toujours dangereux ces chose la.

Furie elle se lève et agresse la pauvre enfant, plaçant son œil crevé comme une arme près à exploser à la face de Tamarie qui au lieu d'en tirer de la peur, en tire plus de curiosité, c'est bizarre comme œil, pourquoi c'est comme ça?

Bham, la question qui tue : "T'VEUX MON OEIL D'VERRE P'DANT QU'T'Y ES ?!" La réponse est oui, bien entendu qu'elle le veut, plus que son cache qui n'est plus qu'un emballage cadeau. Mais pas le temps de répondre, la gifle est inévitable.

Elle place ses deux mains sur sa joue qui la tire et lui fait mal, déjà les larmes coulent le long de ses joues blanches. Elle pleure en silence, toujours quand elle s'est prise un coup. Ne pas montrer qu'on est trop vulnérable, certes elle pleure, mais elle va pas gindre pour si peu... Même si elle en crève d'envie, d'autant plus que, fait rare, sa mère ne tien pas avec elle.

Pour une foi qu'elle fait quelque chose de totalement innocent, de curieux même, qui est la plus grande qualité qu'un enfant puisse avoir, elle s'en prend une de Zoé et une autre de Jo qui lui donne tord.

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