Qui parle?

[Sisco_Heaulme]

Un maigrichon l'air aigri portant de grosses lunettes passa tout doucement ce qui devait servir de porte à la salle commune.

Ils se tint quelques secondes là, immobile. Son regard se portait sur la petite foule qui se trouvaient dans cette pièce dont le sol était jonché de linge et de tissus plus ou moins propre, et qui sentait la sueur sévère.

Il y avait un... homme? Sombre et la peau gravé de milles douleurs. Il y en avait un gros. Il y avait une femme, sage. Celle qui ne l'aimait pas. Pourtant il avait été poli. Enfin il lui semblait. Mais bon, la politesse, Sisco, on ne lui a jamais appris. Du coup il est jamais sûr.

De toute façon, Sisco, il est jamais sûr de rien. Il est même pas sûr de qui lui parle. Il lui semble savoir, mais en fait, ça pourrait tout aussi bien être lui qui le pense, ou lui qui se le dit à lui même. Tout bas. Ou tout haut. Non, décidément, on est jamais sûr de rien.

Sisco se dit qu'il va bientôt devoir briser le silence. A l'entrée, on lui a dit que que c'était ici qu'on dormait, et qu'il pouvait y déposer ses affaires. Alors il se lance.

AH! Bien le bonjour tout le monde! Alors c'est ici qu'on dort? Bon, je vais dépaqueter tout mon bordel alors, et puis je vous préviens! Moi, je dors totalement nu. Voilà. J'espère que ça ne dérange personne...

Quelques regards se tournent vers lui. Pas les bons. Encore l'Indienne. Et une amie à elle.

Elles n'aiment décidément pas Sisco.

Il a pourtant été poli. Mais qu'est-ce qu'il a encore fait...?

Sur le pas de la porte, les oreilles bien tendues pouvaient entendre un maigrichon l'air aigri, une larme coulant le long de la joue, murmurer tout bas, tout bas...

Mais qu'est-ce qu'il a encore fait? Mais qu'est-ce qu'il a encore fait...

[Alisha Kamakshi]

La réponse ne se fit pas attendre car quand Sisco entra, un regard charbonneux se posa dessus toujours aussi soupçonneux. N'y décèlerait-on pas d'ailleurs un peu de dédain ?

Toi laisser ton oiseau sortir de ton calbute et moi le couper. Y'a des gosses ici et n'y pense même pas une seule minute sinon toi finir comme un rat mort, toi prévenu. Moi pas me répéter.

Ton sec, directif presque autoritaire mais surtout sans appel. Alisha se mordille la lèvre inférieure et replace une mèche nonchalamment tombée sur son front. On dirait un soldat prêt à partir en guerre et braver bien des combats. Présentement, elle bouillonne mais se contient, se retient de ne pas sauter à la gorge du nouveau venu. Dieu que c'est dur... à en juger par le tapotement d'ongles stressant sur le bois de la table dont elle s'est approchée.

Jo crache et sur un ton tout aussi avenant que sa congénère :

Elle va l'faire... Et moi forcément... J'devrais l'aider. Cohésion.

[Tamarie]

Monsieur slip!

Elle se faufila dans la foule pour arrivée jusqu'à Sisco. Elle lui agrippa une de ses mains et doucement se mit à le tirer.

Je vais te montrer où tu peux dormir monsieur slip, mais faut pas dormir tout nu! Tu vas voir, c'est un super lit, enfin... C'est un des mieux qui soit, c'est un lit vide je sais pas trop pourquoi mais tu peux dormir dessus si tu veux. C'est super important un lit, c'est un lieux magique où tu peux te reposer librement, ton esprit voyage dans tes rêves et tu peux inventer le monde que tu veux.

tout en discutant elle le tira dans la foule, elle s'arrêta devant un paillasse à même le sol. Elle se pencha pour le frotter, un petit nuage de poussière s'en échappa.

Voilà monsieur slip, tu peux dormir là si tu veux.

[Jo Clay]

En effet, très peu aimable, l'indienne. Très peu aimable, la fille à l'imperméable. L'une met en garde, l'autre crache et confirme... Ca ressemblerait presque à un tribunal improvisé... Dire qu'elles ne sont presque jamais dans la salle commune, étant les seules à dormir dans une grange en périphérie du bidonville... Sisco avait du mal choisir son moment pour débarquer...

Et comme pour appuyer les paroles, Jo qui joue de sa batte, fait rouler la poignée dans sa main serrée, les yeux grand ouverts mais le visage complètement fermé... Sur ce coup là, il y'a un malaise, c'est sûr.

C'est le moment que choisit Tamarie pour débarquer, et tirer l'homme du mauvais pas dans lequel il venait de se fourrer. Il se défile, entrainé par la gamine... La brune à la batte ne le lâche pas du regard... Avant qu'il ne disparaisse dans la foule, elle le désigne du doigt, s'assure qu'il l'a bien remarquée, et passe son pouce le long de sa gorge.

[Sisco_Heaulme]

Sisco s'assit sur son lit et s'adressa à Tamarie.

Merci ma petite. Ah. Je ne comprends plus bien les gens... maintenant que tout a changé.

Tu sais ce qu'elles ont toi? Les deux énervées?

Non, mais ça. Les gens sont vraiment cruels. Dès qu'ils voient quelqu'un au physique ingrat...

Mais je les comprends, avec tout ce qu'on voit dans ce désert.

Bon, et depuis quand tu es ici toi? C'est comment la vie dans le coin? J'ai vu un nazi pas loin de la porte, avant de rentrer. J'ai entendu dire des choses terribles à leur sujet dehors, j'espère que y a pas trop de sympathisants par ici. J'ai rien contre eux, mais ils me foutent la pétoche...

[Tamarie]

Je connais pas les nazis moi monsieur Slip... Pour se qui est de grande sœur et madame Carimadjoye elles sont comme ça avec un peu tout le monde, je leur ai dit d'être plus gentille mais elles restent comme ça. Moi je m'en fous, elle sont gentilles avec moi alors voilà, j'ai rien à craindre.

Elle regarda Sisco avec un grand sourire angélique.

Vous devriez mettre des vêtements, vous seriez plus joli, puis enlever la bave qui dégouline de ta bouche, c'est bizarre, on dirait que tu as faim tout le temps.

Elle se met à rire de sa propre blague, un rire pure et cristallin qui embaume la pièce.

Je vais vous laisser vous installer, on se reverra dehors. Moi je dors pas ici de toute manière... Au revoir monsieur Slip!

Elle se pencha pour lui déposer un bisous sur sa joue et s'en alla sautillante et joyeuse.

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