les tribulations des affranchis ...

[Melvin]

Lune 159 :

c'est l'heure à laquelle les biches rentrent au bois sous le soleil couchant. sauf qu'il n'y a pas de biche, ici. ni de bois. juste le désert à perte de vue au nord, au sud, à l'est et à l'ouest.

les affranchis installent leur campement. certains partent ramasser du bois mort pour un feu. d'autres cherchent un peu d'eau ou installent les collets sensés attraper les rongeurs du désert. d'autres encore ne font rien.

Halk est de ceux-là. les doigts de pied en éventail, il observe la zone en silence. des tas de cadavres achèvent de pourrir sous le cagnard, viande gâtée qui refilera la chiasse à ceux qui s'abandonnent au coté obscur de Crôm.

"On serait arrivé un peu plus tôt ...". on serait arrivé un peu plus, tôt, on aurait fait quoi ? sauver ces pauvres gens qui ont fini par s'entre-dévorer avant que l'éclipse ne mène à la folie ceux qui restent ?

Pas très loin, un couple se tient par la main, les yeux dans le vague. simple réflexe de zombis décervelés ou reliquat d'un amour d'antan ? Halk s'en fout. il tient l'occasion de tester sa machette, d'exprimer ses projets avortés pour cause de rendez-vous raté avec tous ses gens.

Se tournant vers Gonzo qui roupille, il lui confie la tache de zieuter "au cas où". puis il se lève, ramasse sa lame enfoncée dans le sable, et se dirige tranquillement vers les amoureux au clair de lune.

un gars/une fille tournent leur regard vers lui quand il les interpelle, histoire quand même de vérifier. leur regard dans le vague indique qu'ils sont irrécupérables. ils ont l'air en bonne forme, pourtant, bien conservés ...

la fille ouvre la bouche, peut être pour dire un truc, un sourire béat aux lèvres. sourire qui parait encore plus niais quand la lame s'abat sur son épaule, faisant sauter le bras qui va avec. elle s'affaisse avec une plainte qui évoque une prière bouddhiste : "Ohmmm" ...

son amoureux esquisse un regard vers le bras qui pend au bout de sa main, un O d'incompréhension aux lèvres. La machette vient se ficher en plein dedans et y reste accrochée.

Halk doit mettre son pied sur le visage et tirer de ses deux mains pour l'arracher. il la regarde pour s'assurer que le tranchant n'a rien perdu de son efficacité. nickel. Le temps de ramasser les quelques provisions à peu près bien conservée, et il revient sur ses pas.

de retour au campement, il demande juste : "rien de nouveau?"

[Melvin]

l'eclipse a jeté une ombre sur le fract. à Shangri-La une partie de la population s'est mise à baver, et a du être expulsée. leur périple vers le nord sauvage leur a donné l'occasion de croiser une colonie entière de zombis, errant sans but près du rivage. les machettes ont mis fin à cette insulte à l'humanité.

même parmi la petite bande, partis moins nombreux que prévus, les filles ont montré les premiers signes du mal : les yeux dans le vague, la bave aux commissures des lèvres, les cheveux et les ongles sales, même selon les standards du coin. Ely et Candy ont du être attachées à leur monture, déposées à l'ombre par Halk et Hector à chaque étape. Ely a failli y passer, la question s'est même posée de la ligoter de force pour la forcer à s'alimenter.

et puis ils ont organisé cette partie de polo à dos de chameau, moitié pour les divertir, moitié pour faire passer le temps.

penchés sur leurs selles, ils expédient en l'air des crânes blanchis par les vents de sable à coup de lames, se font des passes macabres. de temps en temps, quelqu'un gueule : "Pull", et quelques flèches partent en direction des OVNI. aucune atteint sa cible, mais faut dire que c'est vachement dur, de tirer sur un petit truc quand on est à dos d'une bête qui fouette. Au moins, ça leur fait de l'entrainement.