Soirée romantico-alcoolique en solitaire à Shangri-La

[Alisha Kamakshi]

Bien plus tard dans la soirée alors que les ténèbres avaient envahit les alentours, il semblait difficile à l'indienne de trouver le sommeil. Le refuge onirique gardait portes closes et elle en avait perdu la clef pour cette nuit. Froissement de tissus dans le noir ponctué d'un très léger râlement de désapprobation, elle s'extirpe de son nid de fortune.

Attrapant sa sacoche, sa plus fidèle amie après sa jument, elle contourne l'étable en se dirigeant complètement au nord-est de la communauté. Là où elle n'entendrait ni ronflement, ni gémissement, ni cris, ni insultes, ni rien du tout. Le calme absolu pensait-elle. Armée de sa sacoche donc, elle entame un parcours en brinquebalant son paquetage silencieusement, allumant parfois la mèche flemmarde de son zippo vieux comme Hérode pour éclairer la route.

Le sol mi caillouteux mi boueux ne l'empêche pas de parvenir à destination même si elle manque de glisser et qu'elle lâche deux trois jurons dans une langue commune des plus parfaites et sans accent s'il vous plait, sauf que c'est à demi murmurer.

Dès lors, installant une couverture des plus miteuses au sol sur une touffe d'herbe, elle allume une petite bougie aussi haute que son pouce, la plante dans la terre meuble pour enfin extirper une bouteille au contenu ambré; mais également une sorte de calumet artisanal en bois stylisé par quelques gravures médiocres. Une soirée des plus mémorables, si encore elle finit par s'en souvenir, car la voilà qui boit au goulot sa liqueur pour se donner de la force pense t-elle. Après plusieurs longues rasades, elle semble se rasséréner du moins le croit-elle, assez en tout cas pour tenter un exercice périlleux avec une aiguille et de l'encre à la lueur d'une bougie. Sans se démonter, elle relève le bas de son jean en dévoilant une de ses chevilles prête à passer aux choses sérieuses.

[Mark]

Tiré d'un sommeil semi-comateux par une voix qu'il reconnu presque aussitôt, Mark avait dormi presque toutes les nuits dans la poudrerie, un endroit calme et très peu fréquenté, à peine quelques heures par lune, et dont le danger n'était pas si grand qu'il n'y paraissait pour un non-fumeur.

Hésitant un instant, le jeune homme se leva, s'habilla rapidement et silencieusement il sorti voir ce qu'il se tramait et s'aventurait aussi profondément dans la communauté. Une fois passé ce qui pourrait faire office de porte de la poudrerie, Mark admira la clarté du ciel par ce temps d'été, malgré tout on y voyait seulement à la lueur des étoiles, la lune était absente.

Mettant à profit ses talents de discrétion le couche tard contourna le bâtiment où il avait élu domicile et jeta un oeil vers le nord et aperçu dans le noir glacial de la nuit une faible lueur. A demi baissé, approchant à pas de loup, jambes fléchies tel un rôdeur, respirant à allure réduite et à peine perceptible, les yeux pleinement habitués au manque de lumière à l'affût du moindre obstacle au sol, l'homme qui avait pénétré la communauté une lune auparavant laissait pleinement s'exprimer son talent profond.

Alisha était là face à lui, s'éclairant à la lueur d'une bougie elle trafiquait quelque chose sur sa cheville, la bougie durcissant les traits de son visage la rendait vraiment plus mystérieuse, elle ne l'avait pas vu à cause de la dureté de la lumière dans la nuit, à une quinzaine de mètres, il s'accroupit et l'observa avec curiosité dans l'ombre.

Qu'elle est belle pensa t'il un sourire sur le visage, remarquant la finesse de ses mouvements ponctués par de petits gémissements et râles à peine audibles.

[Tamarie]

La nuit noire était tombée depuis pas mal de temps, les faibles étoiles n'arrivaient à éclairer le sol noir. Mark observait la jeune fille qui, éclairée par une bougie, se dessinait la cheville. Rien ne semblait pouvoir embêter les deux jeunes gens.

Au loin et à vive allure, une lueur étrange se déplace à raz du sol. Agile et sot, se qui semble être un feu follet virevolte en tout sens. Une certaine poésie émane de cette danse. On aurait cru qu'un bal de lucioles avait lieu et que des centaines de ses luminescents se remuaient en cadence. La leur semblait s'éteindre par intermittence, comme si des arbres, pourtant non présent, cachait la visibilité de l'être radiant de lumière.

La vision fut accompagnée d'un murmure, mélodieux mais tellement fluet qu'on pourrait penser que le vent s'engouffrant dans l'un ou l'autre interstice s'amusant à chantonner un air inquiétant.

La lumière s'approchait de plus en plus d'Alisha, sautillante, virevoltante, dansante sur sa musique de murmure.

[Alisha Kamakshi]

Musique d'ambiance

Ce que faisait Alisha n'avait rien de beau ni de gracieux, ça non. L'alcool commençant à l'échauffer, elle tire un bout de papier chiffonné qu'elle éclaire de sa bougie puis reprend son aiguille. Sauf que cette dernière semble bien floue devant ses yeux, il n'y a rien à faire : ce n'est pas le moment. Tant pis, cela évitera les blessures de guerre inutiles et elle se promit de faire cela courageusement à jeun et de jour malgré les hurlements que cela occasionnerait. Elle range le tout et s'allume une clope qu'elle fume rapidement tandis qu'en face, certains ne trouvent pas non plus le repos, mais elle n'y prête guère attention du fin fond de sa bulle forgée d'un simple voile de nuit pudique.

Reprenant quelques gorgées de son breuvage alcoolisé, la soularde d'une première cuite se sent d'humeur festive. Se relevant, pieds nus sur sa couverture de fortune, elle tente quelques pas de danse comme à Bollywood et fait sa princesse des mille et une nuit, ce qui semble plutôt la faire rire qu'autre chose tant son équilibre manque d'assurance. Posant sa bouteille, elle ôte son chapeau et lâche ses cheveux, ses bijoux tintant dans le silence nocturne et, chose étonnante, la délurée s'aperçoit qu'elle parvient encore à onduler de ses hanches maigrichonnes en esquissant quelques mudras de ses mains fines. Les croisant ou les entrecroisant en joignant index et pouces dans un ballet au langage symbolique, au tempo tantôt lent tantôt saccadé, tout en tapant des pieds; elle semble retrouver une harmonie de naguère longtemps oubliée.

[Mark]

A l'affût, Mark entendit bien vite la petite chose qui filait dans leur direction arrivant bien peu discrètement, il se releva complètement et parcouru en marchant les quelques mètres le séparant de l'Indienne, sans un mot, il vint en face d'elle de l'autre coté de la bougie et lui pris les mains.
Alisha eu un petit sursaut en le voyant surgir dans l'auréole de lumière, il la fixa quelques instants le temps d'être rejoins par le petit démon.

[Alisha Kamakshi]

Alors qu'elle tournoyait sur elle-même le tout dans une chorégraphie savamment étudier pour manquer de choir au sol, elle se rattrape à temps par un magnifique et ultime pas chassé jusqu'à ce qu'elle comprenne que ses mains sont emprisonnées dans celles d'un autre. Une moue. Libre comme le vent, la voilà captive d'un inconnu bien audacieux. Ses pommettes rougissent mais nul ne le verra puisqu'il fait nuit, ce qui l'arrange bien soit dit en passant.

Elle ne comprend pas. Elle était dans son Inde natale et la revoilà au milieu de nulle part en un endroit triste et morne. Encore une moue ponctuée d'un long silence. Son genou la démange et elle ressent l'envie irrésistible de frapper l'inconnu dont elle aperçoit vaguement les contours parmi les vapeurs d'alcool qui lui montent à la tête et la lueur d'une bougie. Elle se sent en colère, frustrée comme un animal blessé. Elle a envie de fuir. Loin, très loin là où l'on peut toucher l'horizon mordoré et danser jusqu'à perdre son souffle sur des dalles de marbre. A demie dans la réalité, à demie dans le rêve qu'elle veut voir perdurer. Elle détourne son visage de l'homme, en se débattant légèrement pour qu'il la relâche, ne comprenant pas la situation qui lui échappe.

[Mark]

*Debout devant Alisha, tout près d'elle, dans le champ couvert par se bras en mouvement Mark senti à l'odeur et aux pas de dance chancelants de la jeune femme qu'elle était complètement pleine.

La sentant résister, voulant se dégager, il ne lui serait plus les mains continuellement, il les gardait, suivant le mouvement des bras légèrement ramolis par la torpeur dont elle était emprise, accompagnait les mouvements de ces mains dorées, les soutenant, participant par transposition à cette dance qui avait complètement investi ce corps ; ne resserant les mains que brièvement aux moments où l'Indienne allait chavirer au sol.

Cette danse à la lueur de la bougie, lui permettait de retrouver un peu de calme et de douceur dans ce lieu où la mort semblait plus présente que tout, enviant l'état d'Alisha, espérant la voir s'apaiser en observant son regard charbonneux fuyant et qu'il percevait entre deux sautillements de la flamme dansante.

Tentant de la rassurer, n'étant plus très sûr au final qu'elle l'ai reconnu, il lui murmura :*

Alisha, ne t'inquiète pas, c'est moi,... c'est Mark...
Continue de danser...

[Alisha Kamakshi]

Sauf que la brune ne dansait plus depuis que ses mains s'étaient retrouvées fichées dans celles de Mark. Mark ? Des brumes alcoolisés entourant son esprit comme un étau de fer, ce prénom lui évoque quelque chose mais elle ne sait encore quoi. Quelques gestes tendancieux. Quelques balbutiements étranges, de la provocation, de la naïveté. Nullement la clarté limpide des relations entre gens cordiaux et bien élevés. L'ambiguïté.

C'était cela : l'ambiguïté. Que faisait-il donc là à heure si tardive ? Elle ne se souvenait plus vraiment non plus de la raison de sa présence en ces lieux austères. Enfin si, un peu. Bribes d'envie d'errer dans sa propre solitude. L'histoire d'un tatouage. L'envie furieuse de se croire presque libre juste un instant mais la saveur en est éphémère.

Ses prunelles se reposent sur l'inconnu. Mark. Simplet comme prénom. Elle le jauge à nouveau, légèrement moins sur la défensive même si son genou la démangeait toujours autant. Un accident est si vite arrivé, comprenez-le ainsi. Finalement, elle approche ses narines du cou de l'individu et une moue s'esquisse sur son minois. Un fugitif instant, elle se souvient enfin et c'est juste quelques mots risibles qui s'extirpent de ses lèvres.

Vous avoir pris bain depuis ? On dirait pas !

Elle recule alors son visage, une lueur d'inquiétude dans le regard. Elle se sent toujours en danger comme un animal prisonnier et semble s'en inquiéter.

Vouloir quoi de moi ?

[Mark]

*Mark s'arrêta un instant, semblant presque déçu par cette remarque alors qu'il avait justement fait un brin de toilette le matin même, fit la moue, et se repris en s'expliquant...levant les yeux pour mieux se remémorer...*

- En fait, j'ai entendu une voix passer en chantonnant quand tu es passé à coté de la poudrerie, je me suis levé et j'ai jeté un oeil dehors, me rendant compte que c'était toi... je me suis demandé ce que faisais, te voyant tituber je t'ai suivi et...
puis j'avoue que je me sens bien quand je suis près de toi...

*Il laisse retomber ses mains le long de son corps qui était restées à l'endroit, et sourit rebaissant ses yeux pour regarder la jeune femme.*

[Alisha Kamakshi]

Alisha le regarde faire et écoute sans rien dire, hochant légèrement la tête. A vrai dire, habituellement, les hommes sont beaucoup plus audacieux dans ce genre de situation au risque de se faire castrer d'un coup de genou mais là, non. Visiblement, la jeune femme ne comprenait pas. Alors Alisha, curiosité oblige et pour tester un peu de son sex appeal mais aussi parce que l'alcool aide bien, faut bien le dire... Alisha donc, se pend au cou de Mark et dépose un baiser bien appuyé sur ses lèvres salées en plaquant son corps contre le sien, sans doute trop lascivement sur l'instant mais qui sait ce qui peut bien lui passer par la tête ? Ne manquerait plus qu'un fond musical adapté comme un "shabadabada" de rigueur pour améliorer l'ambiance romantique à souhait.

Sauf que son sex appeal en prend un coup quand elle se recule. Son visage pâlit, elle se sent mal. Légère toux nauséeuse. Visiblement, son estomac n'a pas apprécié la mixture qu'elle a absorbé. Ni une ni deux, elle s'éloigne jusqu'à fuir plus loin, titubant jusqu'à se cogner contre quelque chose ou quelqu'un, et finit dans un coin éloigné à vomir tout son saoul...

Ierk... Moi malade !

La souillure sur l'éclat laiteux.

[Mark]

Mark apprécie ce baiser qu'il avait espéré depuis plusieurs jours, collé à l'Indienne il ressentait cette chaleur qui lui faisait défaut durant les nuits de cet été, la rosée pour principale responsable rafraîchissait presque de trop les moments d'accalmie obscurs.

Alors qu'il venait de lui passer la main dans les cheveux, Alisha s'écarta de lui le fixant avec des yeux bien étranges et pâlit de telle sorte qu'il pu le distinguer à la seule lueur des étoiles, c'en était flagrant quelque chose n'allait pas...

Malade, elle couru vomir ; encore flânant je la suivi, et la rejoignait courbée en deux en train cracher tripes et boyaux dans un bruit peu ragoûtant, mais me calant contre son flan je passais un bras sous elle, soutenant son buste sur mon avant-bras et sur ma main calée au dessus de sa poitrine, je passais mon autre main sur son front légèrement moite - elle tremblait à peine mais semblait à bout de force.

Observant la lueur de la bougie faiblir et s'éteindre quelques mètres plus loin, je décidais d'aller la coucher à l'abri...


Une fois ce petit incident passé, je la serrais contre moi pour la réchauffer la portant presque jusqu'au premier tas de tôle qui marquait le début du village, et la conduisit à la poudrerie où je l'installais dans le coin où j'avais pris l'habitude de dormir, confortablement calée, je m'assis à coté d'elle contre la paroi rouillée du bâtiment, la recouvrant d'une couverture et prêtant longuement attention aux moindres traits de son visage, elle ne dormait pas encore mais cela n'aurait plus tardé.

[Alisha Kamakshi]

Trimballée par Mark, elle aura grincé des dents pour prendre juste le temps de le forcer à faire un détour afin de récupérer sa sacoche et ses biens restés à l'endroit du délit. Le monde avait semblé sombrer dans la souffrance d'un estomac rebelle, le monde paraissait tanguer hélas aussi alors qu'il était si merveilleux une heure avant.

Elle se laisse emmener mais sur le chemin, on peut l'entendre marmonner un tas de trucs incohérents en indien, en langue commune, un peu des deux dans un langage châtié, enfin je veux dire, des jurons comme si elle parlait à des êtres invisibles dont Shiva.

Finalement, elle marque un arrêt. Une légère pause quand Mark l'installe sous une couverture dans un bâtiment qui ne lui était pas familier. Elle sort une gourde d'eau dont elle avale plusieurs gorgées pour faire passer l'acidité qui rend pâteuse sa bouche. Puis un chiffon qu'elle humidifie, le passant sur son visage et sur son corps en passant sous ses vêtement, toujours recouverte de la couverture par pure pudeur alors que son regard est fixé sur Mark comme pour le surveiller d'un air inquiet, et peut-être bien menaçant. Enfin, elle hume légèrement les lieux, observe les alentours, observe l'homme puis se relève dans un flagrant moment de lucidité pour ressortir de la bâtisse d'un air hagard en lançant :

Pas bien de dormir avec homme, maman a dit... Moi envie de fumer et me laver...

Sur ces mots, elle allume une clope tout droit sortie de sa sacoche à l'extérieur et commence à fumer en s'adossant à un mur.

[Mark]

Mark la regarde avec inquiétude, elle ne semble pas encore se maitriser totalement... la voyant sortir une cigarette toute rabougrie de sa sacoche, il ouvre des yeux ronds mais permissifs, la voyant marquer un temps d'arrêt il se rassure, la jeune indienne était encore consciente au moins de l'endroit où elle se trouvait...

Alisha se lève et se dirige en tanguant doucement vers l'extérieur avec son bâtonnet de plaisir, le jeune homme la suit, et se pose dans l'encadrement de la porte, dos à elle, il réfléchit à ce qu'elle vient de lui dire et rétorque un léger sourire aux lèvres :

- Alisha, rassures toi tu peux me faire confiance, je reste à veiller sur toi, ca aurait pas été drole si tu avais allumé cette cigarette à l'intérieur, hein !?

... Mais au fait, tu m'as parlé de ta mère qui t'a dit de ne pas dormir avec un homme, ... ça ne t'es jamais arrivé? si je peux me permettre cette question?

[Alisha Kamakshi]

La jeune femme fume allègrement sa cigarette, tentant de former quelques ronds de fumée sans succès. Aux interrogations de Mark, elle tourne la tête et le fusille du regard. Il en a de ces questions !

Néanmoins cela l'amuse et elle ne peut réprimer un fou rire. Un long fou rire sans possibilité de répondre. Lorsque, enfin elle reprend ses esprits, elle savoure une longue bouffée nicotinée et continue de toiser son interlocuteur avec amusement.

En Inde, mariage arrangé. Pas eu le temps, crash avant. Ensuite, survivre. Pas eu le temps pour dormir avec homme ni amour sentiment ou sexe.

Elle appuie bien sur ce dernier mot. Oui, une femme trentenaire aussi pure et innocente, certains se moqueraient, d'autres la plaindraient mais elle avait été jusque là respectueuse des traditions. Jusque là. Néanmoins, au vu des débauches et de la luxure dans ce nouveau bac à sable, cela valait-il encore la peine ? Le temps passait, l'horloge biologique faisait parfois un boucan d'enfer... Bref, toute à ses pensées qui continuaient de l'amuser au point de lui tirer un nouveau fou rire, elle finit par se mordiller la lèvre inférieure et y glisser une langue tendancieuse comme pour provoquer le jeune homme avec un amusement non dissimulé alors que son regard se plante dans le sien sans ciller.

Et toi ? Déjà dormir avec beaucoup femmes ? Leur faire beaucoup l'amour ? Toi paraissais plus audacieux à première rencontre. Aujourd'hui, toi enfant si sage... Je ne crois pas ce masque-là.

Elle relève sa chevelure d'ébène avant de la laisser retomber en cascade sur ses épaules, tirant encore sur sa clope.

Vouloir protéger... Mais de quoi ? Toi avoir peur de mourir ici si faux pas ?

[Mark]

Étonné, Mark ne s'attendait pas à une telle révélation même si ca semblait clair aux vues de la phrase qu'elle avait lâché dans le baraquement.

Il sentait qu'elle revenait progressivement à elle, la séance dégueuli devait y être pour quelque chose, les choses allait pouvoir prendre une nouvelle tournure ; il avait tourné la tête et les yeux plongés dans ceux de la jeune femme il détectait la même provocation qu'il avait suggéré lors de leur première rencontre, plissant les yeux il baissa la tête et sourit.

Il releva la tête avec un dur ayant effacé le sourire,

- Tu sais, j'essai de garder pour moi et... pour les personnes que j'apprécie mon coté naturel...
J'aime bien faire bonne figure, devant les gens, les masses, c'est une excellente façon de s'ouvrir des portes avec le merdier dans lequel on vit !

Il se rapprochait d'elle, lui prenant la main dans laquelle se trouvait sa cigarette, il passa son autre main sur son épaule et la laissa courir en descendant le long de son bras, au milieu de l'avant bras il fit le tour de son bras de la main et exerça une pression, souriant en coin il regarda sa main et fit tomber d'un geste vif la cigarette oubliée dans l'autre main...

Il relâcha la pression de sa main gauche sur le bras et repris doucement...

- Arrêtes ça... ca va te tuer... prématurément ! ... Tu peux encore servir faisant un clin d'oeil, il enchaîna directement
Oui, j'ai déja dormi avec d'autres femmes et une en particulier... mais tout s'est arrêté avec le crash...

Il s'arrêta un instant... tentant de percer une réaction dans les prunelles de l'Indienne qui faisait une demi-tête de moins que lui, il la prit par la main, la ramena et la serra contre lui, une main dans le bas du dos, la maintenant fermement, une autre dans le cou, les doigts glissant dans les cheveux appuyant doucement sur le cuir chevelu.

Ils était tous proches, souffle court, Mark la regardait toujours aussi intensément, elle pouvait distinguer un oscillement régulier des yeux qui regardaient spontanément sa bouche, ses lèvres, ses yeux, avec une envie nettement moins dissimulée que depuis qu'ils se croisaient en ville ces derniers jours ; son odeur sucrée, ses mouvements provocants ne lui donnait qu'une envie... l'embrasser, mais jouer les yeux dans les yeux, leurs bouches à quelques millimètres l'une de l'autre, respirant à peine, donnait encore l'envie de faire durer ce petit jeu... il déposa un baisait sur ses lèvres et murmura alors un sourire aux lèvres...

- Tu sais dormir avec quelqu'un c'est vraiment,... génial...- faut le dire - tu arrêtes de penser et laisses s'exprimer ton corps... je pourrais te montrer... te guider si je t'intéresse...

[Alisha Kamakshi]

Et si tu ne m'intéresses pas ?

Moue amusée et provocatrice d'une adulte certes, sale gosse chieuse à ses heures perdues, mais visiblement un tantinet moqueuse sur l'instant. Il faisait une tête de plus qu'elle mais il avait l'air si jeune et si naïf, si plein de maladresses dans les mots mais si touchant que cela lui serra le cœur. Qu'avait-il à lui apporter mais surtout qu'avait-elle à offrir en partage ? Ses facéties, son côté emmerdeuse pour ne pas changer son image de marque mais sinon ? Du bon temps ? Combler son ennui ?

Lorsqu'elle imaginait les couples se formant à s'en déformer au fil du temps, cela lui donnait la nausée. Des mariages arrangés aux brasiers passionnels, femmes comme hommes passaient du coq à l'âne. Ils aimaient sur l'instant, bonheur assuré et suscitant l'envie en traçant une route conditionnée par des valeurs, des mœurs inculquées depuis certainement la nuit des temps. Enfin, ils étaient infidèles, se quittaient, se mélangeaient comme des palettes d'aquarelle détrempées. Rencontre, mariage, enfants, infidélité, divorce. Douleur et souffrance. Parfois, les couples n'en étaient plus. Ils restaient ensemble pour faire bonne figure face à leur progéniture, mais s'inventaient des vies et renaissaient certaines nuits dans les bras d'autres. Des alchimies algébrique, des équations à trop d'inconnues. On additionne, on soustrait, on divise pour croire au bonheur en étant insatisfait chronique. On aime à un instant précis puis le temps fait son œuvre. Le quotidien, la lassitude et enfin, la recherche d'exaltation. Voilà ce qu'elle retenait, rien d'engageant en somme.

Pourtant, livres, contes et films évoquaient le sujet aux innombrables stéréotypes avec splendeur. Amusant.

Alors non, elle n'avait jamais pris le temps d'aimer. Aigrie avant même d'avoir goûté à ce tiraillement de l'interdit. Elle s'était toujours protégée de ces chimères et le crash avait bien fait les choses. La poussant à la survie, à tuer pour manger ou se défendre, à raviver quelques fantômes. La poussant dans ses retranchements, à insuffler le vice et la sournoiserie, la perspicacité dont elle se cachait; à surjouer, tricher ou mentir jusqu'à ce qu'elle tombe sur une sorte de famille étrange...

Un sourire en coin, elle ferme longuement les yeux et approche ses lèvres pour effleurer celles de Mark avec lenteur. Elle joue, les mordille alors que son corps tremble d'indécision. Elle finit par prolonger de manière inattendue un premier baiser au goût d'inachevé. Le prolongeant avec plus de fièvre ou de fougue, comme si elle cherchait un réconfort, peut-être l'unité qui manque à son existence. Peut-être aussi la curiosité. Peut-être le désir qui tenaille ses entrailles. Peut-être l'envie de faire comme ces autres qui ne se soucient que trop peu des conséquences. Sans doute simplement "carpe diem" qui tinte au fond de son escarboucle. Cueillir l'instant présent et uniquement celui-ci sans se retourner, sans regarder droit devant malgré l'incertitude et malgré les déceptions qui peuvent en découler.


Sans qu'un désir nous trompe ou qu'un remord nous ronge...*

A peine un murmure sans le moindre accent. Son regard se fait intense et se plante dans celui qui l'enserre. Alors seulement, elle se dégage de ce corps chaud contre lequel elle était blottie. Sa main se love dans la sienne. Elle le tire, elle l'entraine vers la bâtisse à pas mesuré, l'escarboucle palpitant et craintif au creux de sa poitrine chrysalidée.

Elle refermera la porte et seule la nuit sera témoin de leurs paroles. Témoin silencieuse de promesses muettes et sans doute d'un rapprochement mutuel plus intime. Un voyage lointain. Une escapade aux portes de la volupté.


*Demie-citation d''Alfred de Musset

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