La mort d'une batisseuse.

[Nager]

Les exploitants après un court arrêt dans la communauté ont repris leurs pioches, leurs gants et leurs casques et sont retournés au travail. La troupe est cette fois composée de Nager le Mutant, Gally la nomade, Giorgio le médecin, Hrowaka l'endurant puiseur et Papy Boeing qui malgré sa zombinite avancée sait toujours par des gestes simples, indiquer ou creuser. Le groupe quitte la communauté pour rejoindre la carrière située non loin de là. Ils sont ensuite rejoints par Gabrielle, une jolie jeune femme qui accompagnait le groupe de Gonzalo, puis par Clef de 16, un noir habile et pour finir par Jezebelle. Tous se mettent au travail, observant le petit campement d'Aninein Stein situé en contrebas. La matosseuse experte de Shangri ramasse des morceaux de tôles, de fer, de plastique qu'elle entasse près de son campement.
Le travail des exploitants avance bien et le mutant charge son chameau au fur et à mesure que ses compagnons lui apportent leurs pierres bien taillées.
Alors qu'ils se préparent à rentrer, un doute assaille Nager. Il distingue d'abord le campement d'un grand être vert qu'il reconnait. Il s'agit de l'instable Patapé, un ancien de la Caravane qui n'a pas fait parler de lui depuis quelques lunes. Le mutant s'inquiète, cette sortie n'était pas prévue et Patapé peut être instable, mais aussi dangereux.
Un coup d'oeil en contrebas et il apperçoit quelque chose qui lui glace le sang. Aninein est affalée dans une mare de sang, près de l'emplacement de son tas de matériel qui a disparu.
Le Mutant descend rapidement, au risque de se casser le cou. La malheureuse est déjà morte, le crane fracassé par une arme contondante. Nager s'assied, allume sa radio.
Tout le monde semble déjà prévenu, un débat débute pour savoir si l'assassin doit être arrêté et jugé ou abattu comme une vermine.
Il prend délicatement le corps de la jeune femme, pensant à Lanthane son amie, au futur de Shangri La. Puis il l'emballe comme il le peut dans des pièces de tissus et la ramène sur son épaule au campement. Aidé des autres exploitants ils la chargent doucement sur le chameau. Après cela, ils empruntent la piste qui mène à la communauté.
Les portes sont rapidement ouvertes. Nager se dirige vers le cimetière. Il commence à creuser un grand trou, ses mains saignent après le travail déjà accompli, mais il ne s'en soucie pas. Lorsque le trou est assez grand, il pose Aninein a côté et va chercher Lanthane. C'est à elle que doit revenir la dure tache de prononcer un discours funèbre.
Le Mutant écoute, place la croix ou Lanthane a inscrit quelques mots.

- Tu étais une femme bien Aninein, une bâtisseuse courageuse. Une grande partie de ce qui nous entoure, nous te le devons. Je sais que tu auras été heureuse pendant ta courte vie, heureuse de voir le lieu de paix et de bonheur qu'est devenue cette communauté.

[Patapé]

HJ : Je ne suis pas vert, mais gris.

Le mutant en avait marre de respecter ces foutus plans et subir les assauts quotidiens de ces êtres inférieurs, unis contre lui.
Ils lui donnaient envie de gerber avec leurs sourires, leurs regards fades dirigés chaques matins vers ces foutus plans de production, ces gestes monotones qu'ils faisaient du matin au soir, ces cours chiants à mourir qu'il suivait du matin au soir.
Toutes ces personnes là le dégoutaient, si bien qu'il monta sur le mirador et repensa aux étendues jaunes et orangées, le désert à perte de vue, le soleil aux UV destructeurs, les ballades en franche camaraderie.
Camaraderie, un bien grand mot pour Patapé : Certains le disent instable, Junkie, d'autres le disent carrément fou, stupide.
Patapé prit donc ses clics et ses clacs avant de sortir de la communauté, la bave aux lèvres à l'idée de pouvoir à nouveau être libre, seul.
Il arrangea un bout de tissu comme les nomades le lui avaient appris, et se dirigea vers les montagnes, avant de tomber non loin d'une femme, impossible pour lui de la distinguer précisément.
Les souvenirs des orgies de sang lui viennent alors en tête, douce nostalgie ou les tripes volaient et fusaient en tous sens, temps heureux qui arrivaient malheureusement pour la femme au mauvais moment dans la tête du lézard, qui déjà empoignait sa masse pour lui décocher un crochet à l'aide de sa masse, la mettant à terre pour un moment.
Il hume l'air, la crainte qu'il inspire aux yeux grands ouverts de la victime, paralysée au sol.
Il lève délicatement sa masse en l'air, les yeux fermés, humant bruyamment l'air ambiant, c'est désormais la mort qu'il sent, qui s'évacue par tous les pores de la peau de sa victime.
Il n'avait jamais eu l'autorisation d'abaisser sa masse, ce fut donc sa première démonstration pour prouver qu'il était de nouveau nomade que d'abaisser lourdement sa masse sur le crâne frêle et délicat de la jeune femme, qui se répandit littéralement par terre, dans une effusion de sang dont Patapé était couvert.
Le corps était amoché mais pas assez pour ne pas être identifié, il approcha alors ses mains du corps pour prendre un repas, mais, miracle et grâce, se calma, et plutôt que se tailler un steack, il empoigna le tas de matériau, la scie à métaux et les provisions de la morte pour aller se loger dans les hauteurs...

[gabrielle]

Gabrielle venait d'ouvrir la porte du sas de l'abri anti-atomique de son père. Le lourd métal frottait sur les articulations dans une mélodie tendant vers l'aigu glacial. La solitude et la peur allaient devenir son quotidien pendant de longues semaines. Puis arriva la ballade, un groupe de nomades qui était tombé sous la charme de son innocence juvénile. Puis Gonzalo entra dans sa vie... cet argentin un peu brouillon et peu délicat avait apporté à Gabrielle la sécurité et l'assurance dont elle avait besoin de vivre heureuse.
Des mois de voyages et voilà que l'adolescente était arrivée à Shangri-La... Aninein Stein avait été l'une de ces premières amies. Elle était en charge de mener le groupe pour exploiter les briques de pierres qui feraient un jour les solides murs des batisses de Shangri-La. Et voilà que la mort l'avait frappé... une mort stupide, injuste et vide de sens. Quand elle arriva avec le groupe de Nager et ne tarda pas à se précipiter dans les bras de Gonzalo...

[Contenu sponsorisé]