Shangri-La
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Souvenirs et Porte-Flingue

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Message par Gavroche Mer 9 Fév - 2:44

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Maestro... Musique.

Shangri La, lune 'sais pas combien. J'ai arrêté de compter quand Tom est sortit du labo souterrain...
Tempête de sable, blizzard, vent et marée commence à avoir raison de son jean's. Défoncé, défroqué, appelle ça comme tu veux man. Mais tu finiras à poil un d'ces quatres. Autant qu'ce soit pas en plein baston ou en plein contrat. Le boulot pour toi c'est sacré, toi même tu sais. Y t'reste que ça t'façon...

Le Gavroche rôde dans la ville, seul. Il en a besoin. Il devient taré en c'môment. Ouai je sais on dirait qu'il a toujours été comme ça, mais j'y suis un peu pour quelque chose c'est vrai.
Il tourne en rond comme un lion en cage et ça fait tourner les méninges c'temps d'guerre.

Il remonte les rues, les mains dans les poches de son long manteau de flic de rue, un truc à mâchouiller qui dépasse de sa bouche à défaut d'clope. Bouche fermée. Fines lèvres tirant la tronche.

L'ex flic se gratte la tête. Ses cheveux s'ébouriffent encore. Putain...
La ville est cool. Ca en jête par rapport au reste du monde. Mais faut pas s'leurer y a des cons partout. C'est comme à la pêche. Faut juste attendre un peu qu'ca morde.

Il avance, un air nonchalant. Un peu le souvenirs d'être le maître d'son quartier. Un bel été.
9H15 du mat, l'heure de s'lever. Le temps presse que pour ceux qu'ont peur de rater l'coche de vivre.
Un café froid, sans sucre, et un chewing gum. On sert le holster poitrine avec le flingue dedans, on ramasse le manteau qui s'est accouplé avec la chaise toute la nuit, et on claque la porte. En passant dans l'couloir, on accroche un bout de la gum à mâcher au fil transparent relié à la grenade dans l'plâtre du mur.
Signe de tête à Billy Boy qui garde l'entrée d'l'immeuble, assis sur son fauteuil avec son pompe sous l'journal. Du déjà vu ? Ouai mec, dans les films, sauf que là c'est pour de vrai.

Quelques putes par ci. Quelques dealers par là. Le salaire de la semaine qui s'échange aux puces.
Le gros dario qui râle encore pour payer. La deuxième fois dans l'mois. Encore une fois et on crâme sa baraque avec sa mère d'dans. Il est d'bon coeur aujourd'hui le Tom. Camille lui a dessinée un mouton hier soir, pendant qu'elle était à la garderie, chez la mère maquerelle Josiane. C'était une de ses maisons closes. On colle pas sa môme à n'importe quel enseigne.

Tom descend les trois marches de son immeuble. Deux de ses types l'attendent en bas. Chapeaux, manteaux, chaussures. Tout pu l'gangster. sauf que sur leurs jolis gilets, y a une plaque.
L'un propose de monter dans la voiture. Tom décline. Marcher ça fait d'mal à personne.
Il laisse balader ses pieds, un peu comme le prince dans son domaine. Ses deux boys le suivent de loin. Le Gavroche n'a pas besoin d'protection. C'est lui la protection du quartier.

Le Quartier. Parlons en !
Il s'étend à une dizaine de pâtés d'maisons. Des ruines de bâtiments. Des rames de métro à ciel ouvert, où les deux seuls de la journée qui passent encore son tagués de la tête à la queue. Un le matin pour le taf des honnêtes gens. Un autre le soir... ...pour le taf... des honnêtes gens...
Des grilles et des volets qui scelles les boutiques. Big brother avec ses caméras défoncées à chaque coin d'rue. La seul qui marche encore, c'est celle braquée sur la fenêtre des vestiaires pour femmes du gymnase. Ca c'est Tonny qu'à négocier 100$ par mois pour la garder intacte. Du coup, c'est tout le commissariat du secteur 4 qui s'cotise pour payer au Gavroche c'qu'ils lui doivent.
Du petit commerce de la drogue, au divertissement et aux jeux d'argent. On braque pas dans l'quartier. Pas sans autorisation d'la loi. Et la loi c'est lui. Il a une plaque et un flingue qui l'prouve.

Chaque jour, c'est la ville qui crève la gueule ouverte qui renaît de ses cendres. Parc'que l'système est toujours présent. Il veille à c'que tu raque à mort, mais pas trop pour pas qu'tu crève. Un peu comme un putain d'vampire qui t'pompe tout ton fric à grand coup d'impôts. Mais tu t'rend compte de rien, parc'que t'y ai habitué, on t'dit qu'c'est pour le bien commun, et que pour manger, les pauvres du quartier regardent les pubs à la télé.

Quand le soir tombe, ça prend vie.
Night Club, course auto, fight club et compagnie font marcher l'biz.
Gavroche touche sa part. Evidemment. Qu'est-ce tu crois ? Si c'est pas toi ce s'ra un autre ! Autant qu'ce soit toi, tête de noeud.
Parfois ça clash pour un oui ou pour un non. T'entend un coup d'feu... et puis plus rien.

Au Zinc Bar c'soir, y a Julietta qui chante.
Tapis rouge, moquette impeccable. Canapé blanc, table basse noir élégante. Un putain d'grand bar digne d'un grand hôtel.
Le Barman, son crâne dégarnis et ses deux mètres, c'est Janus. Le cousin de Billy Boy.
Il sert un gin tonic avec l'olive à la table du Gavroche. Seul. Son flingue du côté du coeur.
Ce soir, y a des gros bonnets du coin. Les deux nazes avec leurs moustaches là bas, c'sont des inspecteurs qui font raquer eux aussi, mais qui raque ensuite à Gavroche.
Y a Tiny au comptoir, la syndique des putes, qui cherche à s'faire payer à boire.
Monsieur Coligny. Le croque mort de la zone. Lui sait bien gérer à coup d'cercueil piégé la concurrence. Il aime bien Tom.
George Stinson, un vieux mafieu qui approche des 70 balais. Parait qu'il a connu le Padré de l'époque. Ce mec là est intouchable. Par respect pour l'ancienneté dans l'métier. Aujourd'hui il vit dans un apparte minuscule dans l'noir avec ses chats.
Jack, Samy et Raph taf dans le secteur 12. Ils traitent avec notre géant blondinet.
Y a ce type au costard bleu ciel, avec ses trois copines à chapeaux, accompagnés de leurs deux escorts girls, qui s'fendent la gueule à grand coup d'champagne. Des types de l'état voisin qui viennent pour affaire.

Mais soudain, les projos se braquent et la diva apparait...



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...
...

Elle est sacrement belle dans sa robe rouge qui lui gonfle ses seins.
Ses longs cheveux rouges lui brûlent déjà le coeur, le corps et l'esprit. A moins que ce ne soit le gin ?
Mais c'est pire quand elle prend le micro de ses doigts emmitouflés dans de beaux gants de soie noir... et qu'elle se met à chanter.

...
...
Bordel. Même s'il y avait eu un champ de DCA, jamais il aurait pu décrocher.
Il reste là toute la nuit, à la regarder, commandant gin sur gin.
Sa vision ne le trompe pas. Elle se balance toujours aussi sensuellement, son corps serré par le tissu luisant qui lui glisse et caresse la peau.
Derrière les trois musiciens passent inaperçus.

2H du mat. Elle chante toujours. Elle pose un pied hors de la scène. Se risque à flirter avec le publique conquis. Le bar est plein.
Elle avance avec une démarche souple et ample. Ses hanches sont fluides et ses cheveux lui couvrent une partie du visage.
Seule à la lumière, elle fait mine de ne pas remarquer le flic à sa table, seul avec sa rage de ne pas pouvoir atteindre l'inatteignable.
Elle s'approche, pas à pas. Jusqu'enfin, à sa porté. Elle pose ce genre de regard à la pointe de l'hautain et du coquin que les femmes vous portent parfois quand elles vous veulent. Ses lèvres pulpeuses au rouge intense se collent et se décollent à mesure de son chant envoûtant.

Elle lui tourne un peu le dos, elle minaude. Et quand vient la fin de sa chanson, elle se rapproche et leurs lèvres se frôlent. Mais quand il vient prendre ce qu'il croit acquis, elle s'enfuit avec ce sourire satisfait mais invisible.

A la fin, quand on croit que tout est terminé, dans la petite ruelle de sortie des artistes du Bar, s'ouvre la porte. On voit Janus qui ouvre à la belle en le remerciant.

Un pied et dos contre le mur, une pluie tombante en averse, les bras croisés... Le grand blond l'attend sans broncher.
Elle semble un peu surprise. Mais n'a pas peur. On en voit de toute les couleurs quand on habite le quartier.
Derrière, Janus fait un signe tête à Gavroche et referme la porte.
Sourire en coin du flic... Chacun son tour ma belle.
Il lui offre son manteau contre la pluie tombante. Elle sourit. La voiture les attends. Elle accepte.

A cet heure là, la petite est couchée, mais pas ici.

Ils arrivent à l'hôtel.
Il lui demande si elle sait qui il est. Elle répond que oui. Il lui demande si elle sait pourquoi on l'appelle Le Gavroche. Elle lui répond qu'elle sait que c'est parce qu'il est née orphelin dans l'quartier. Et en tant que flic de rue, à traîner dehors parmi tout les pouilleux, la racaille et la flicaille, on a finit par l'appeler "Le Gavroche".
Il lui offre un verre du bar de la chambre. Lui a assé bu... Et pour ce soir, ils lui fera l'amour comme s'il l'aimait. Comme ci... Parc'qu'en ce bas monde, il n'y a pas d'amour. L'amour est mort dans l'quartier.
Gavroche
Gavroche

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Date d'inscription : 18/12/2010

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