La fin de l'Hôpital : Harry

par **fallingharry** Ven 2 Mar - 9:42

Le rouquin progressait difficilement dans le sol spongieux.
Ses jambes s'enfonçaient jusqu'au genoux dans la vase et un difficile effort le forçait à ressortir son pied dans un bruit de ventouse à chaque pas.
A la surface noire de la vase, des traces de sang frais, du sang très rouge… mauvais signe…
La pluie qui bruine n'arrive pas tout à fait à la nettoyer.

Dans un ultime effort, Harry atteint un buisson. Il s'affale dessous, conscient que sa cachette ne durera pas très longtemps vu la piste ensanglantée qu'il a laissé derrière lui.

Les mains tremblantes, il vérifie son matériel, ouvre sa veste et vérifie ses blessures…

Ce coin de désert ne semblait pas sur… Il l'avait senti depuis le début, mais il devait faire halte dans ces marais. Se ravitailler, se reposer, avant de traverser à nouveau leur comptant de désert…

Et l'hiver…

Leur petit groupe était plutôt bien armé pour une caravane de cette taille. Aussi les survivants qu'ils croisaient les laissaient plutôt tranquilles.
Mais de là à se sentir en sécurité…

Leur départ de Shangri-La bien avant sa chute leur collait une étiquette, comme une grande cible dans le dos.

Mais cela faisait partie de leur choix : sortir du clivage, échapper à la guerre des camps. Et croiser les doigts pour que les deux camps le comprennent et acceptent leur neutralité…

Peine perdue.

La dernière demi-heure lui revient par vagues.

Son retour au campement après sa courte mission d'éclaireur.
Le groupe de cavaliers qui arrive au triple galop et qui fond au travers du campement.

Lui trop loin pour faire quoi que ce soit, observe ses camarades, sa compagne, et le bébé…
Le gorge le serre… Il revoit Ali, tentant de défendre la chair de sa chair. Il revoit Jon, 2 ans, assassiné.
Il voit Mélina, a qui il ne donnera pas d'enfant, s'écroulant après avoir tiré plusieurs coups de feu.
Estèphe et Valf aussi.

Il se voit, repéré, traqué, il se voit tirer avec haine et désespoir. Il sent la douleur une seconde fois quand il est blessé.

Il n'a pas le temps de pleurer, juste de fuir.

La bruine semble hésiter à se transformer en neige. Sous son buisson, Harry a de plus en plus froid. Il ne sent plus ses jambes.

Il entend au loin les voix d'hommes qui le recherchent.
Il peut pleurer maintenant, il lui reste encore un peu de temps.

Il lâche son arme, et prenant sa tête dans ses bras laisse des larmes couler.
Il est prêt maintenant, ils peuvent venir.