Infraction nocturne à la serre

[Alisha Kamakshi]

Suite à un cauchemar qui la fit frissonner, Alisha ne put se rendormir. Une prière pour le moins étrange, et secouée, la voilà qui se lève déjà alors que l'aurore n'a même pas encore pointé le bout de son nez. Peut-être croisera t-elle quelques noctambules au cœur de la ville ou entendra t-elle des couples qui s'ébattent mais l'indienne s'en moque.

Elle avait passé la soirée le plus angoissante depuis bien longtemps, face à cet inconnu qui lui dévoila quelques secrets dont elle serait l'unique gardienne. Il révélait en elle d'anciennes croyances enfouies, bien des utopies aussi. Cela l'effrayait mais si elle devait affronter de nouvelles épreuves, elle y consentirait. Le nez en l'air, à mirer l'empyrée céleste, elle se sentit mieux tout en découvrant enfin le surnom qu'elle lui donnerait. Rejoignant le haut d'un des miradors, elle prit place dans un coin pour ne pas gêner les gardiens. Elle alluma une de ces lampes à huile, et sortant son stylo ainsi qu'une feuille jaunie, se mit à gribouiller. Des lignes calligraphiées, les plus droites possible. Elle s'appliqua longuement jusqu'à ce que ses yeux picotent et que la dernière boucle du "Z" s'achève. Zizanie.

Elle ne sut combien de temps, elle resta là à fixer le papier désormais noirci de son écriture avant de redescendre de son perchoir. Ce qui est sûr, ce fut sa décision instinctive et spontanée, d'aller le déposer près de celui qui sommeillait dans la serre sans qu'il ne l'entende. Elle enroula le document précieusement, puis se dirigea d'un pas alerte vers le lieu de son délit. Une discrète infraction, entrouvrant d'une extrême lenteur la porte avant d'avoir assez de place pour se glisser à l'intérieur.

L'odeur des plantes. Des formes inquiétantes dans l'obscurité, elle s'avança sur la pointe des pieds en s'aidant du silence pour repérer la respiration apaisée du dormeur. Dormait-il vraiment d'ailleurs et s'il se réveillait : quelle explication aurait-elle à donner ? Elle n'en avait fichtrement aucune idée mais improviserait. Elle commençait à être coutumière de sa propre spontanéité...

Entrapercevant une silhouette allongée dans le noir, et supposant qu'il s'agissait là de la personne visée par cet acte silencieux et sans doute puéril, elle déposa l'étrange manuscrit dont voici le contenu :





Retenant sa respiration, elle se décida enfin à faire demi tour sans demander son reste. C'est alors qu'elle manqua de se cogner contre un outil dont elle ne reconnut pas la nature, au point de se mordiller fort la lèvre inférieure pour taire le cri de surprise qui menaça, quelques secondes plus tôt, de s'échapper.

Cahin-caha, elle reprit enfin le chemin de la sortie alors que ses yeux s'habituaient à l'obscurité environnante, tout en priant pour que Ahèm ne se soit réveillé, et le cas échéant, qu'elle déniche une solide explication quant à sa présence ici en pleine nuit...

[AM 837]

Ahèm avait finit par retomber dans un profond sommeil sans rêve, il se tenait en position fœtale, recroquevillé sur lui même en protégeant son crane dans ses mains sous sa couverture élimée.

Il s'était aménagé un coin juste suffisant près de l'accès au réduit dans lequel les shangrilais rangeaient le matériel nécessaires aux cultures fragiles de la serre.
Tous les soirs il aménageait son nid en déplaçant un semoir et les sacs de tourbe pour se faire un trou duquel il émergeait a l'aube pour remettre scrupuleusement tout en place.
La soirée avait été étrange et même allongé il n'avait pas trouvé le sommeil immédiatement aussi avait il eut recours a quelques exercices respiratoires jusqu'à ce qu'il se sente confusément partir pour des songes étranges.

C'est trempé de sueur qu'il fut réveiller par un bruit lointain suivit d'autres qui s'éloignent, errant encore entre les deux mondes, les yeux hagards, trouvant sa couverture inconfortable et l'air trop moite -quel idée de dormir dans une serre- Ahèm voulut se lever quand , il faisait nuit noire et il avait mal a la tête... Comme il s'asseyait en massant son crane, il prit appui en tâtonnant sur la petite caisse qui lui servait de chevet et fit tomber maladroitement tout ce qui y reposait, quelque chose de léger roula a ses pieds, quelquechose qui ne figurait pas sur la caisse quand il s'était endormi.

Il prit l'objet le porta a ses yeux pour en apprécier la forme, le tourna dans tous les sens, il faisait bien trop noir et il n'avait aucune envie d'allumer une quelconque lanterne, peut être a la lueur des étoiles et de la lune...

Aussi s'enveloppant dans sa couverture, il avance à tâtons jusqu'à la porte de la serre pour prendre l'air.

[Alisha Kamakshi]

Musique d'ambiance


Elle n'aura pas eu le temps, l'indienne, de sortir car dans le recoin où semblait sommeiller Ahèm, voilà que cela s'agite. Un petit bruit sourd, des tas d'objets qui tombent en pagaille au sol dans un bruit assourdissant... Le cœur d'Alisha bat la chamade alors que son sang ne fait qu'un tour. Vite ! Trouver quelque chose ou faire diversion !

Que nenni ! La jeune femme ne trouve rien de mieux que de s'accroupir - ce qui fait légèrement craquer ses genoux au moment où elle s'abaisse - en retenant sa respiration pour tenter de se camoufler parmi les ombres. Elle marche alors dans cette posture ridicule. Dénicher une cachette valable. Ne surtout pas faire un seul bruit, voilà que l'individu se lève...

Sur la pointe des pieds, cela rend plus difficile la démarche aussi s'aide t-elle de ses mains avant d'entrapercevoir des formes suffisamment gigantesques. Du moins lui semble t-il. Des amas de feuilles et fleurs derrières lesquels, Alisha trouve refuge. Elle épie, les sens aux aguets, celui qui ne doit en aucun cas remarquer sa présence. L'échappée belle juste à temps car le voilà près de la porte à tâtonner. Elle se rend compte être encore trop près de l'issue à ses risques et périls. Retenir son souffle encore. Rester totalement immobile jusqu'à se statufier. Mettre ses mains devant sa bouche et contenir cette intrépide envie d'éternuer causée par la poussière et certainement les végétaux en abondance. A peine, émettra t-elle un petit "atchi !" bien étouffé... Alisha ou l'art du camouflage et de la discrétion en action.

[AM 837]

Passablement embrumé, a cheval entre les deux mondes le crane rasé s'avance maladroitement, se fiant plus a son instinct ce et ses souvenirs des lieux pour atteindre la porte.

Une main serre le fragile cylindre et les pans de la couverture sur ses hanches, tandis que l'autre sonde la demi obscurité peuplée d'ombre fantasmatique et de flaques de lumière palotes.

Ahèm tâtonne pendant, il lui semble, une éternité jusqu'à mettre la main sur la porte entrouverte.
Étrange... il était pourtant sur d'avoir fermé...
Il grogne quelque chose et ouvre grand la porte pour faire entrer la lumière blafarde et la fraicheur nocturne dans la serre. Au seuil de celle ci, humant la douceur nocturne il chasse négligemment une goutte de sueur qui perle entre ses omoplates et observe amusé la façon dont l'astre nocturne fait apparaitre les tatouages qui parsème son buste sur sa peau rendue encore plus blême par la faible luminosité.

A toujours se couvrir pour les cacher, il ne risquait pas de bronzer...
C'est sur cette considération qu'il perçut clairement un bruit inhabituel au milieu des bruissements, grincements des plantes bercées par le vent et du chant des animaux nocturnes qu'il avait passé tant de temps a écouter.

Sentant qu'il n'était pas seul, il s'enveloppe fébrilement dans sa couverture la transformant en cape aussi vite que possible -tant pis pour la chaleur de celle ci- puis attrape le manche d'outil sans fer, non pour se défendre -il savait pertinemment qu'il n'aurait jamais le dessus face a un adversaire déterminé- mais pour sonder l'obscurité devant lui en se retournant vers l'intérieur de la serre.

Y'a quelqu'un ?

[Alisha Kamakshi]

Et mince ! Repérée mais pas encore tout à fait... Non, non. Il n'y a personne ! Allez ouste, sors de là et marches assez loin que je me carapate vite fait ! pense alors Alisha, accroupie parmi les ombres. Que faire ? Comment agir ? Ne pas bouger. Oui, c'est ça. Il aura rêvé et continuera sa route pendant qu'elle en profitera dans son dos pour s'éloigner.

Elle aurait bien quelques diversions en tête mais était-ce le moment ? Quitte à passer pour folle, autant le faire avec classe ! Ni une ni deux, la voilà qui s'enfonce un peu plus dans la serre. C'est alors qu'elle finit par émettre un miaulement digne d'un vrai félin :

Mreeew ! Ksss... Ffff....

Avant d'enfin jeter une bricole métallique qu'elle a sous la main - à l'opposé de sa position comme celle d'AM - façon frisbee au-dessus du sol pour éviter qu'il ne le voit passer en s'imaginant que tout ce boucan provienne du fond de la pièce. Ou comment utiliser avec assiduité un lance-pierre peut s'avérer utile dans une situation complexe et inextricable. Sauf qu'à bien viser, en résulte un barouf à réveiller les morts alors que des outils chutent au sol en cascade dans ce recoin de la serre... Oups.

Prête à se jouer de la nuit, de la curiosité et de son habilité à ramper voire à jouer la comédie, Alisha décréta que ce grand moment devait la mener à la victoire de l'absolu anonymat !

[AM 837]

Ahèm, le manche d'outil dans la main, pointe l'extrémité de ce dernier vers la source du miaulement avant que la pile d'outils rangé là pour entretenir le jardin médicinal ne s'effondre avec fracas le faisant sursauter.

Pourquoi un chat sauvage se serait il aventuré jusqu'ici... Ça, ça devait être un jeune de l'année qui se cherche un territoire, pensa t'il en sa rapprochant précautionneusement du tas d'outils sans dessus dessous. Au moins empêchera t'il les rongeurs de dévaliser le stock de semis.

En attendant, pour qu'il soit d'une quelconque utilité, il faudrait l'approcher...
Tout a ses réflexions il s'approche lentement pour ne pas effrayer l'intrus probablement planqué sous les outils ou non loin. Aussi il dépose au sol l'outil qu'il tient en main et une fois suffisamment près de ses propres affaires, fouille sa gibecière pour en dénicher un fragment de viande pas trop rance qu'il lance entre lui et le foutoir qui règne espérant attirer la bête en dehors.

Patient il s'asseoit en tailleur, dos a la porte de la serre, pose ses mains sur ses genoux et attends que la bête sorte d'elle même.

Allez sors donc de ta cachette, je sais que tu es là...

[Alisha Kamakshi]

Ambiance musicale - mode private joke

Le cauchemar ! Voilà que la diversion fonctionnait mieux que ce qu'espérait Alisha ! L'idée trotte bien dans sa tête de continuer à se jouer d'ahèm alors qu'un sourire étire ses zygomatiques. Lueur espiègle dans le regard. Elle réfléchit. Après tout serait-elle le chat ou la souris ? Une souris... Si seulement... Oui ! Si seulement, il y avait une potion pour rapetisser comme dans Alice au pays des merveilles. Alisha in wonderland... Elle pourrait alors se balader dans la serre, sans être vue, pour enfin déguerpir après maintes facéties ! Histoire de bien faire tourner en bourrique le pauvre erre.

Une de ces potions au goût de sirop mentholé qui la rafraichirait en cet instant d'angoisse. Sentir son corps fourmiller et devenir minuscule, quasi invisible du commun des mortels, pouvoir espionner... Alisha a sa propre image dans la robe de l'héroïne qui apparait au creux de son esprit fantasque. Puis vient le lapin très, trop pressé en ne cessant de regarder sa montre à gousset. Un lapin... Oui, c'est cela ! Détaler comme un lapin sans demander son reste !

Épiant le danger personnifié aux lueurs d'une lune ronde et précieuse, l'indienne est piquée au vif par la curiosité. En effet, elle entraperçoit différents tatouages. D'autres qu'elle n'avait encore jamais vu même si ses yeux en distinguent à peine les contours. Tiraillée par le désir de s'approcher afin de contempler ces dessins et motifs ancrés sur la peau d'Ahèm, et celui de s'enfuir pour ne pas être prise en faute... Le choix est difficile avant que le fourbe ne se recouvre d'une couverture ! L'essentiel étant qu'il garde le dos tourné...

Finalement, elle se risque à sortir de sa cachette, se tenant toujours accroupie en se jouant des ombres. Se calant sur la mélodie d'une nuit insomniaque mêlant le bruissement des feuillages, quelques hululements, le bois des baraquements qui craquent à cause de l'humidité, elle se met presque à ramper. L'espiègle femme se déplace de quelques centimètres, puis quelques mètres, s'arrêtant toujours pour jeter un œil vers Ahèm. Le manège dure assez pour qu'elle finisse enfin à rejoindre l'entrée. Le cœur palpitant assez fort, elle se faufile lentement en espérant ne pas être vu jusqu'à tenter d'atteindre l'extérieur.

Dehors, elle achève son parcours du combattant en restant accroupie derrière la porte. S'adossant contre le mur, elle tend une oreille indiscrète avant de se relever. Un soupir de soulagement s'extirpe de ses lèvres alors qu'elle s'époussète rapidement. Elle aurait dû fuir ! Elle aurait dû mais quelque chose l'en empêche... Foutue curiosité abjecte ! La voilà qui lorgne non pas au travers d'un judas, mais entre les interstices séparant les gonds de la porte, permettant une vision limitée mais suffisante pour notre agent secret en herbe qui a plus d'une idée farfelue dans sa besace...

[AM 837]

Musique d'ambiance ossi d'abord

Assis en tailleur au milieu de la serre, Ahèm guette les ombres mouvantes face au mikado d'outils mélangés dans leur chute en imitant périodiquement de petit chuintement de rongeur espérant attiser la curiosité de l'animal.

Tandis qu'il attends patiemment que le félin se montre, il se laisse aller a divaguer, les idées, images et souvenirs récents filent et défilent dans sa tête.
Depuis son arrivée en ville, jusqu'à ce soir, les visages, les voix et les silhouettes de ceux avec qui il avait discutés, échangés ou simplement croisés, les sensations diverses, attirance et répulsion mêlées que la concentration d'habitants en ce lieu avait généré sur lui.

Tout cela était tellement nouveau et intriguant, ses souvenirs récents étant ce qu'ils étaient, il ne se souvenait pas d'avoir jamais vécu avec autant de personne dans si peu d'espace. Hormis dans de lointains souvenirs peut être mais tout cela était trop vague et trop dissemblant pour un cerveau encore embrumé de sommeil.

Ahèm passait par réflexe sa main sur sa cicatrice a mesure qu'il s'absorbait dans ses pensées, cette assemblage d'hommes, de femmes et... autres créatures étranges le fascinait tout autant que cela avait accru ses maux de tête et il avait choisi de dormir dans un recoin de serre pour surveiller les semis qu'il avait fait pour lui -espérant que ceux ci calmeraient ses maux- mais également pour se tenir a l'écart de la joyeuse effervescence des dortoirs communautaires.

Il ne s'était aperçu que plus tard qu'une jeune fille blonde y avait établi ses quartiers avant lui... Et qu'elle n'était pas toujours seule pour dormir... Entre ça et ce chat, il avait hâte que ses plants aient atteint une robustesse suffisante pour les transplanter en extérieur et se trouver un autre abri.

Il soupira doucement en reportant son regard sur la cachette supposée du félin, songeant que si il parvenait a l'approcher et a l'apprivoiser, il y aurait certainement une petite fille trèèès heureuse de pouvoir caresser l'animal, mais il n'en était pas là, déjà fallait il que cette satané bestiole montre le bout de ses moustaches.
Ahèm fit tomber la couverture de ses épaules pour rafraichir la sueur qui perlait sous celle ci quand parmi les ombres mouvantes des nuages, des plantes en pot et des bâches en plastique de récupération qui ornaient la serre, une ombre plus dense et plus massive passa rapidement coupant le rai de lumière net aux contours nets que dessinai la porte entrouverte.

Ce ne pouvait être un chat... Ou un végétal penchée par la brise nocturne, c'était assurément un bipède, Ahèm s'efforça de ne pas bouger assis en lotus, remontant document la couverture a son emplacement initial et aux aguets tendait l'oreille, les yeux mis clos, tous les sens en éveil...

Comme a la chasse, attendre que la proie se mette en difficulté pour pouvoir la surprendre.
Ahèm ne divaguait plus, toutes ses perceptions pointés vers l'être qu'il ne pouvait voir et qui venait de se faufiler hors de la serre, cherchant a capter un bruits de pas, de respiration... Quelque chose qui puisse lui indiquer si l'être était toujours là.

[Alisha Kamakshi]

Musique d'ambiance de circonstance !

Ha ! Enfin cette couverture retombait des épaules d'Ahèm. Se tordant le cou pour tenter d'en voir plus, Alisha fronça le nez et les sourcils, quand soudain elle retrouva sa place initiale. A peine avait-elle eut le temps de se dire que ses vœux seraient exaucés que... Plus rien, nada. Triste nuit ! Si on ne peut même plus espionner en paix... Forcément que c'était l'unique et seule raison de sa présence ici à prendre racine !

Cette couverture qui revint couvrir le dos d'Ahèm... Cela finit par l'alerter d'un potentiel danger. Pourtant, dans son sac à malice, il y en avait de bien bonnes encore à faire et les idées ne manquaient guère dans un esprit aussi facétieux et éveillé que celui d'Alisha. Tergiversant intérieurement, elle hésita. En effet, plus de félin feulant dans les environs et donc une probabilité pour qu'il se dirige droit vers elle et découvre son manège. Elle aurait bien fait le tour de la serre pour continuer à miauler sous la lune juste derrière le pan de mur, approximativement où s'étaient écroulés les outils mais se ravisa. Les meilleures blagues sont les plus courtes dit-on et l'indienne y consentit alors, faisant contre mauvaise fortune bon cœur.

Action, réaction ! Tout d'abord, se concentrer fortement et prier pour que rien, plus rien ne trahisse sa présence. Ensuite, se reculer à petit pas de la porte. Enfin, détaler comme un lapin de garenne mais oublier qu'un geste trop brusque peut avoir des conséquences fâcheuses sur la discrétion. Surtout lorsque, décidée à déguerpir, elle pivote et que son bras cogne la porte au point que cette dernière se referme dans un claquement sec. Oups.

Pas grave. Détaler. Concentres toi sur le sprint de ta vie, Alisha mais surtout... Surtout ne te retournes pas ! Rejoins bien l'étable, rallonges toi quitte à faire semblant de dormir en intensifiant le concert de ronflement déjà bien rythmé par le sommeil de Tamarie. Ni une, ni deux, Alisha suit la voix de sa raison et poursuit sa course comme si elle était pourchassée par un animal sauvage ou une bande de gredins en goguette. Enfin, regagne-elle ses pénates ou presque... puisque la vile fouine tend l'oreille, dans le but inavouable de savoir si elle aura été poursuivie ou non.

[AM 837]

L'ombre était immobile pour le moment, Ahèm également, aux aguets.

Le visiteur nocturne n'était pas agressif apparemment, du moins pas a son encontre ou pas pour le moment, sinon pourquoi serait il parti se poster dehors... Il n'était pas seul a avoir élu la serre comme lieu de repos et peut être se visiteur nocturne venait pour quelqu'un d'autre.
Ou alors, un voleur mais pourquoi subtiliser ce qui poussait ici et qui de toute façon appartenait de fait a tous les habitants, Ahèm se dit qu'il ferait l'inventaire demain, a la lueur du jour, au cas ou.

Pendant ce qui lui sembla être une éternité, le crane rasé n'entendit rien de plus, l'ombre était toujours là mais se faisait discrète, l'avait il rêvée ou celle ci préparait elle un mauvais coup ?

Puis soudain l'ombre semble décroitre par saccade, l'individu se retire en silence, Ahèm se prépare, groupe ses jambes et ses bras, prèt a pivoter, se détendre et atteindre la porte en quelques enjambées.
Encore quelques instants, se remémorer la configuration du lieux, rien que quelques secondes pour se préparer et il s'arrache du sol pour se diriger a vive allure vers la porte entrouverte.

Passer le bras puis le torse dans entrebâillement de la porte, pour se ménager la place de sortir sans perdre de vu l'ombre fugitive, rien de compliqué...
Mais voilà que l'individu referme subitement -et sournoisement- la porte avant de détaler, Ahèm a a peine le temps d'entendre le début de la course que la main avec laquelle il comptait attraper le montant de la porte s'écrase sur ce même montant.

Ses doigts se torde et il ne peut ralentir suffisamment pour se cogner contre la porte close.
Ahèm laisse échapper un grognement de frustration plus que de douleur, entendant l'intrus filer dans la nuit tandis qu'il ouvre cette maudite porte de sa main non meurtrie, pour constater que la silhouette a pris trop d'avance.

Il s'adosse a la serre pour suivre l'ombre du regard, faiblement éclairée par le clair de lune. Celle ci disparut, il ausculte sa main douloureuse, échardes égratignures peut être un hématome gênant et une légère entorse, rien de grave ou de sérieusement handicapant.
Le calme est revenu dans les environs, le rôdeur disparut au milieu des construction hétéroclites, Ahèm rentre dans la serre, en referme la porte et allume une petite lanterne, de l'amadou un silex et une petite pièce métallique entrechoquée et bientôt une faible lueur se répand dans la serre, Ahèm torse nu et en tailleur sa trousse de soins rudimentaire étalée devant lui.

Ceci fait, il regarde son "œuvre" du soir sous toutes les coutures repensant a l'ermite qui lui avait appris une bonne partie de ses acquis actuel, il n'aurait pas renié ce bandage.
Alors qu'il sourit, Ahèm, aperçoit a la limite de son champs de vision, un objet cylindrique dont la présence lui avait échappé alors que l'intrus s'était manifesté.

S'étirant pour se saisir du rouleau il s'installe dans sa couverture et déplie celui ci a la lueur vacillante de la chandelle, parcourant son contenu des yeux.

...

Dans la serre un vague halo de lumière jaune se reflète et se déforme sur les parois en plastique de récupération et au milieu de la nuit tranquille, le silence de la serre est entrecoupé par l'éclat de rire du crane rasé, sa main bandée reposant avec le précieux rouleau sur son torse quand l'autre mouche la chandelle.

Ahèm s'installe pour tenter de retrouver le sommeil

[AM 837]

Chiffonné par une nuit de sommeil trop courte, Ahèm s'étire et frotte, tout en baillant a s'en décrocher la mâchoire, ses yeux et sa joue ou est imprimée le relief de sa couverture.

Tout en clignant des yeux encore gonflés de sommeil et de rêves étranges, il regarde le capharnaüm autour de lui, avise sa main bandée, sa "table de nuit" au contenu éparpillé et le rouleau manuscrit qu'il a du serrer dans son poing une bonne partie de la nuit au vu de son état.

Assit au milieu de ce désordre, Ahèm soupire laisse retomber ses épaules pour tirer sur les muscles de son cou en songeant a un plan d'action pour opérer vite et bien le rangement du coin de serre qu'il s'est approprié.

Remettre les outils a leur place, rendre au coin ou il dort son aménagement d'origine, ranger proprement ses affaires et mettre le rouleau de papier soigneusement a l'abri dans sa besace. Après ça il pourrait s'adonner a ses exercices matinaux, ses ablutions et finir par se raser de près...

C'est en finissant de se raser le crane en se tortillant dans tout les sens pour vérifier qu'il n'avait pas oublié deux ou trois cheveux en jouant avec les reflets de deux fragments de miroir, qu'il se décide a chercher celle a qui il pense devoir cette agitation nocturne.

L'idée fait naitre un sourire sur son visage et c'est le nez en l'air pour admirer le ciel d'été qu'il se dirige vers la grange ou l'indienne a élue ses quartiers avec la petite Tamarie.

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