Eyli. Mon histoire ...

[Eyli]

La radio crachota :

Eyli. C'est mon nom. Je suis en plein désert et j'ai suivi la conversation publique. Je cherche trace d'une ville pour m'y réfugier. Ce serait simple et rassurant de demander aux vainqueurs du dernier conflit en date de m'accueillir parmi eux, mais le défilé des trés instructifs discours font plutôt de moi un candidat pour rejoindre Shangri-La.

Il se racla la gorge.

Si quelqu'un de Shangri-Là pouvait me joindre sur un canal sécurisé, ce serait bien. J'ai besoin d'aide et de renseignements pour vous rejoindre. A bientôt de vous entendre.

[fallingharry]

Harry pris la radio et répondit à l'inconnu du désert.

Bonjour Eyli, je suis Harry, membre du Conseil de Shangri-La.
Nous allons t'ouvrir une fréquence sécurisée si tu le souhaites. En attendant essaye de te repérer et de nous envoyer le maximum de données disponibles sur ta situation géographique et l'état de tes vivres afin de faciliter notre aide.

[Eyli]

Quelques mois auparavant ...

Il avait cessé de bouger. Cessé de lutter. Le dos appuyé contre un immense bloc de béton détaché d’un immeuble qui s’était écrasé prés de ce qui était un petit bassin d’agrément au bout de l’artère urbaine. Il observait, indifférent, ses mains pales et sa chemise qui rougissaient. Il ne souffrait plus, il se sentait presque bien, détendu.

Il était en train de mourir, du moins le pensait-il. Il ferma les yeux. Il était incapable de bouger, il n’en avait d’ailleurs pas envie. Il se sentait … Harassé ? Assommé ? Non. Vide. Il se sentait vide. Un vide infini. Il prit conscience de ses yeux fermés, non qu’il eut sommeil mais parce que cette infime action était la dernière étape à franchir sur la route sans intersection qui s’ouvrait devant lui. Doucement, sans douleur, il cessait d’exister.

Une immense lueur blanche l’envelloppa et il sentit son corps se soulever du sol froid. Soudain tout s’obscurcit dans sa tête, des vagues noireâtres de dressèrent devant lui et il sentit une immense douleur dans son corps qui retrouva le contact glacial du bitume. Il revenait sur terre avant d’avoir pu entreprendre le grand voyage …

Mon fils… ? Monsieur ???

Il sentit une main sur son épaule.

[Eyli]

Il flotte dans l’obscurité et le silence. Absolus.
Non. Si l’obscurité est absolue, le silence ne l’est pas, ne l’est plus.
Une voix s’élève, chuchotement à peine perceptible, tissant autour de lui, une étrange mélodie dont il ne parvient pas à capter le sens.

… Ne pleure pas. Puis s’approchant, il toucha le cercueil et les porteurs s’arrêtèrent. Alors il dit : « Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi. » Et le mort se dressa sur son séant et se mit à parler, puis le très-haut le rendit à sa mère. Tous furent sais ….

Il dérive dans l’obscurité. Le murmure s’est éloigné mais il a eu le temps de voir une lueur. Une lueur qui palpite au plus profond de lui. Claire et vive. A une éternité de lui et pourtant si proche. Il fait un effort et tends son âme vers la lueur. Ce n’est pas une lueur mais un soleil qui résiste à l’univers de noirceur qui l’entoure.

… on fils, le seigneur veille sur toi …

[Eyli]

Quelque part dans l’univers, la page d’un livre, presque tourné, s’immobilise à mi-course.

Il ouvre les yeux.

Est-ce cela la mort ? Songe-t-il étonné. Etre allongé sur le dos, incapable du moindre mouvement ? Ne rien entendre, ne rien ressentir, simplement observer de petits nuages blancs et gris filant dans un ciel tourmenté.

Pointe de déception. Il ferme les yeux.

[Eyli]

Etrange sensation d’être en mouvement alors que je ne bouge pas, de percevoir des bruits et des odeurs alors que mon cœur a cessé de battre, de sentir la caresse du vent sur mon visage alors que le sang ne coule plus dans mes veines, de me croire en vie alors que je suis mort …

Ne pas ouvrir les yeux.

Continuer à ne pas penser.

Une douleur fulgurante quelque part dans mon ventre. Une voix.

Souffre-t-on quand on est mort ?

Entend-on quand on est mort ?

La douleur disparait. Aussi vite qu’elle est venue. N’a jamais existé.

La voix s’estompe avant que je puisse m’y accrocher.

… nous du mal. Amen.

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