Retour a la vie

[Mira]

La vie reprenait son cours à Shangri la. La perte de deux des piliers du conseil avait certes fait grand bruit, mais au fonds, une personne ou une autre, peut importait. La ville avait besoin d’une structure, et la nature comble toujours les vides. La vie se réorganisait donc, doucement, presque tranquillement. Mais pas pour tout le monde…

Mira était rentrée depuis quelques temps déjà, mais elle était restée discrète, enroulée de sa douleur comme dans un manteau. Elle participait aux réunions du conseil avec une sorte d’habitude, d’absence. Elle semblait alors plongée dans une irréalité temporaire. De temps en temps, elle tripotait sa radio, se branchant sur les fréquences de ses disparus, dans l’espoir de les entendre encore. Mais rien que le vent glacé sur les ondes. La nuit, elle parlait dans le vide, à l’écart des habitants.
La journée, on la voyait s’affaler des heures durant contre un mur, le regard vague, la radio entre les bras. Près d’elle, la petite peluche qu’elle avait trouvé en exploration, et qui l’accompagnait discrètement le long de ses marches dans les rues de la ville.

Bien sur, il lui arrivait aussi de se reprendre, de retrouver son énergie, et de parler comme si de rien n’était. Toute son autorité était intacte, seuls ses yeux cernés et gonflés laissaient voir qu’il c’était passé quelque chose. Son regard autrefois si vif avait perdu en naïveté, mais il avait gagné un éclat particulier, peut-être provoqué par les larmes qui ne voulaient plus couler, tant son chagrin et sa détresse la dépassaient.

Entre ses phases d’activité, et celles d’apathie, Mira essayait de survivre. Bouger, parler, voir les autres, tout cela lui demandait des efforts immenses. Elle tentait de garder la tête hors de l’eau, mais n’y parvenait pas toujours.


Une nuit, alors qu’elle était allongée sur sa paillasse, sa radio grésilla. Mais personne ne parlait.
Tshhhuuhuhuhuuhu fffffffuuuuiiiizzzzzzzz
Le vent encore glacé qui soufflait sur les ondes lui vrillait les tympans. Elle étendit le bras pour saisir la radio, mais interrompit son geste en entendant un changement sur les ondes. Très faiblement d’abord, puis de plus en plus clairement elle perçut une respiration. Et puis…

Mira ? Mira… Ma petite voix du désert… Mon Mirage… Mon amour…

Elle sentit son cœur se fissurer, se fendre en deux. Avant même qu’elle ne s’en rende compte le flot de ses larmes l’aveugla. La voix de Marcus résonnait près d’elle. Sa voix grave, chaude, si tendre quand il lui parlait… La douleur était trop grande. Trop d’incrédulité, trop d’espoir. Trop de joie de l’entendre …

Mira…J’ai si froid… J’ai si mal… Mira…
Devant elle, la vision soudaine de l’homme qu’elle aimait allongé sur le sol, froid, blessé mais bien vivant, recouvert de givre, agité de soubresauts sous le vent qui sifflait. Autour de lui, sous lui, des traces de sang vermeil.

Elle poussa un gémissement qui se transforma en cri rauque et qui la tira brutalement de son sommeil.

Dans la pénombre, tout était calme. La radio continuait de grésiller, solitaire. La pauvre Mira s’assit, secoua la tête pour retrouver ses esprits. Mais elle était convaincue d’avoir bien entendu. Il était vivant, il lui avait parlé, il était blessé, il avait besoin d’elle. Mais avait-elle rêvé ? Personne n’avait vu leurs corps… Et si on lui avait menti … Si réellement, ils n’étaient pas morts ? On leur aurait prit leurs émetteurs, on les aurait jeté hors d’atteinte ! Mais alors, comment aurait-il pu la joindre ? Il en aurait trouvé un autre ? Elle ne put retrouver le sommeil, se tournant, et se retournant dans l’obscurité.

Au petit jour, première levée, elle ruminait encore, et sembla nerveuse et troublée toute la journée.

[Patapé]

La nuit fut dure pour Patapé,il venait d'échapper à une mort certaine,suite à une erreur de calcul stupide.
Un "runner" comme lui qui serait mort de soif et de faim,quelle connerie.

Au petit matin,il chassa ses idées noires avec un bon Churchill,lisant les notes du Khrêsterion,soigneusement recopiées...

Puis il tomba sur Mira,qui,elle aussi,semblait s'être mal réveiller,mais la voir en aussi piteux état était rare..
Il venait d'arriver,et tenait à discuter un peu,il échangea quelques affaire,se reprit un cigare et s'approcha d'elle.

Sa n'a pas l'air de bien aller,raconte !

[JosephPorta]

Mira avait réveiller Porta pendant la nuit, ca fesait longtemps qu'il ne c'était pas réveiller pendant la nuit...

Sur le coup, il crut que c'était son vieux qui rentrait de l'usine après avoir été au bar comme à son habitude, et qui braillait comme tout homme ivre.
Mais il était mort depuis longtemps, sa tête hôter du reste du corps pour avoir agresser un schupo, justement après être aller au bar...

Donc, ce n'était pas son vieux qui l'avait réveiller, qui était-ce alors? Sur le coup il maugréa, lui qui avait du mal à s'endormir en ce moment avec tous les changements et débats qui se passaient en ville en plus de l'hiver, il ouvrit un oeil avec du mal, puis l'autre avec encore plus de mal, et reconnu Mira au bout de quelques minutes, le temps que ses yeux s'habituent au noir, celle-çi haletait et tenait sa radio ainsi que sa peluche, il fut rassuré d'avoir pester dans sa tête...

Elle n'avait pas la forme depuis le sinistre incident... Forcément, Perdre quelqu'un qu'on n'aime ne donne pas envie de danser, tout est une question de temps par rapport à ça, et il faudra beaucoup de temps pour qu'une journée se passe sans qu'elle ne penseà eux, en attendant ce moment, il valait mieux prendre soin d'elle, ce que Porta fesait depuis que la nouvelle de la mort de Nyda et de marcus était arriver en ville...

Certes elle savait se défendre, à n'en point douter, mais on ne sait jamais ce qu'il se passe dans la tête des gens quand rien ne va plus, donc il vallait mieux s'occuper d'elle en attendant.


Il la vit se recoucher, et en fit de même en refermant les yeux, c'était dur de dormir pendant les nuits d'hiver, le vent soufflait et cognait contre les murs, mais cet hiver serait bientôt fini, le printemps arrivait à n'en point douter, le soleil réchauffait la terre de plus en plus, le vent cognait de moins en moins, et la neige disparaissait peu à peu...

Il referma les yeux en pensant à Mira, demain il irait discuter avec elle.

Car Porta avait déjà vu les symptomes dont souffrent Mira, au front, cela ressemblait à ceux qui y passent trop de temps ,au front, ils voient tant de souffrance, parlent de moins en moins, leur regard devient vide, ils ne s'occupent plus de ce qui se passe autour d'eux, une permission les met dans une colère noire...

Puis un jour ils se mettent à sangloter, perdent la raison, se prennent la tête entre les mains, s'arrachent les cheveux, et c'est la que la lueur apparait dans leurs yeux, cette lueur malsaine, c'est là que ca deviens dangereux.

Certains sautent de la tranchée et fonçent dans le no man's land pour finir hacher par les mitrailleuses adverses, d'autres tirent leurs pistolets et se suicident et certains se mettent à faire feu sur leurs propres camarades assis autour d'eux.

Le point commun? Ils pètent les plombs et ne savent pas ce qu'ils font, la plupart du temps, un passage à tabac sur le moment où cette ''lueur'' apparait permet de les calmer avant qu'ils ne fassent de dégâts, et si ca ne passe pas, il faut frapper plus fort...


Cette ''cure'' ne se fesait qu'au front évidemment, puicqu'on y est sous pression tout le temps et qu'on ne pouvait pas la relacher, bien que... Le wasteland y fesait bien penser, lui aussi mettait sous pression...


En l'occurence, pour Mira, la meilleur Cure était de s'occuper d'elle, d'essayer de lui faire oublier petit à petit.

Il ne voulait pas perdre une autre personne, surtout une qui s'était occuper de lui quand il avait découvert Shangri-la pour la première fois et qui l'avait accueilli...

[Mira]

Depuis qu’elle avait entendu la voix de l’homme qu’elle aimait, Mira semblait errer dans un état d’hésitation extrême. Le jour même, elle s’était réfugiée dans ses hautes herbes, dans son coin à elle. De la, elle avait contemplé Shangri la, se demandant qui de la ville ou de son homme avait le plus besoin d’elle.
J’ai si mal

La voix revenait, en elle. Elle ne sait que penser. Et si elle avait rêvé ? Si elle avait tout imaginé ? Ou juste mal entendu ?
Et pourtant… Si elle avait vraiment entendu… Elle se devait de vérifier. De le retrouver. Mort ou vif.

Il était peut-être en vie… Et cet espoir fou recouvrait toutes autres pensées. À part une…
Un gargouillis immonde monta de ses entrailles, le même, toujours reconnaissable. Son ventre la faisait souffrir, elle se sentait faible et fiévreuse. Elle n’était tout simplement pas en état de prendre la route.
Pas tout de suite. Morte, elle ne servirait à rien.
La nuit tomba.

Sur le chemin du retour, tout à ses réflexions, elle oublia sa récolte d’herbes et de petit gibier. Rentrant tard, elle manqua le repas et la distribution de médicament. De toute manière, ce soir, rien ne serait passé.

Elle se coucha, tremblant de froid, ivre de fatigue.

Le lendemain, toujours absorbée dans ses pensées, elle aborda la question avec quelques personnes qui profitaient de la chaleur du feu. L’idée que Marcus et peut-être même Nyda soient encore en vie était séduisante. Elle n’était pas la seule à vouloir y croire.

Après tout… Les seules informations qu’ils possédaient, ils les avaient eus grâce à la radio. Personne qui ne pouvait témoigner, si ce n’est les attaquants. Et qui disaient s’ils ne mentaient pas ?

Un petit groupe se monta, les plus motivés.
Oui, ils iraient.

Pendant que Mira préparait son départ, essayait de reprendre des forces, pour un voyage qui pouvait être long, des nomades continuaient d’arriver.
La ville tournait, et continuerait de tourner en son absence, quelle que soit la durée.

Sa décision était ferme jusqu’à ce que, par un soir d’insomnie, elle n’entende sur les ondes…

Allo ?
Allo ?

Aussi tôt, l’espoir, douloureux
Allo ? Marcus, c’est toi ?

Allo ? Allo ? Non, non, rien à voir avec la voix de son amant. Non, c’était la voix d’une enfant.

Allo ? Allo ? Elle va pleurer.

Il ne faut pas. Elle le sent au fond d’elle, Mira, il ne faut pas que l’enfant pleure.
Alors elle lui répond. Alors, elle lui chante une berceuse…
Et ça les apaise toutes les deux.

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