Un bruit de galop dans la rue...

[Jo Clay]

Le type de garde ce jour là à l'entrée, se sera décidé à ouvrir la porte de la muraille de taule et de bois, aux trois cavalières qui se présentaient. Sans doute avaient-elles été jaugées du haut de la vigie, et on avait-il été décidé en hauts lieux, qu'elles ne présentaient pas vraiment de danger...

Le groupe à cheval passe la poterne, et avance au trot dans l'allée principale du village perdu, entre marais et montagnes. Ici et là, des commerces, des bâtiments retapés, des ateliers, des victuailles pendues à des crochets : pas l'oppulence, mais presque. Le regard de la cheftaine de l'équipe se porte dans un sens, s'en va se perdre dans l'autre, se pose un peu partout... C'est une ville. C'est à peu près civilisé. Après la chevauchée entre égouts et désert, c'est quelque chose. Oui.

Elle avise les habitants : des crasseux en loques, pour la plupart. Elle ne fait pas meilleure figure, avec son imperméable poussiéreux et tâché de sang et autres fluides pas nets, mais elle a tout de même une bien meilleure image d'elle même que des autres... L'égo, tout ça... Les montures s'immobilisent en plein centre de ce qui pourrait s'apparenter à la grande avenue locale. Juchée sur son animal, la connasse hèle le peuple:


"A boire pour trois, y'a moyen? Les ch'vaux peuvent attendre."

[Zkapt]

"Mesdames sont servies. Mais je vous prévient, cette lune, c'est rationnement en boisson."

La porte de prison qui leur avait ouvert leur faisait face, tenant dans ses mains un pichet d'eau et trois verres empilés les uns sur les autres. Elle éclata d'un rire étrange.

"Mais non, voyons ! Buvez tant que vous en avez besoin, vous devez être assoiffées après ce long voyage. Passez-moi vos rênes, je vais mettre vos chevaux dans l'étable, ils y seront au frais. Ah oui, et Fenec vous attend à la vigie."

[Jo Clay]

La cavalière se penche sur la vieille rabougrie, qui tend sa carafe d'eau et ses gobelets. Elle esquisse une moue pas vraiment emballée. Pas du tout emballée, à vrai dire...


"Y'a de l'eau là d'dans? Tu déconnes mémé? Vous carburez à ça, ici? Putain on va rire..."


Elle soupire, s'affale sur l'encolure du cheval, puant, en sueur.

"Pour les bourrins, on s'occupe de tout. Tu nous montres la grange où on pieute, on les attachera devant... Y'a pas d'problème... On fini par s'y accrocher à ces animaux là... J'dois être une sentimentale..."

[Alisha Kamakshi]

L'indienne laissa vagabonder à son tour ses prunelles charbonneuses sur les lieux. Ainsi était-ce Shangri-la. Une sorte de bidonville amélioré devant lequel, Calcutta aurait fait sans doute pâle figure. Sifflotant un petit air étrange après avoir replacé une de ses mèches retombée sur son front, elle avisa l'être qui leur fit face en l'observant sans en définir la nature. Regard de haut en bas comme de coutume pour jauger l'inconnue. Assez étrange par ailleurs. Alisha incline alors le front avec déférence et prend évasivement la parole d'un ton distrait.

Ahem. Hi ! Enchantée ! Merci pour accueil !

A l'idée que sa monture reste éloignée d'elle, ses mains se resserrent sur les brides jusqu'à blanchir ses phalanges. Une moue s'esquisse sur son visage. Préférant laisser parler Jo qui saura mieux que quiconque exprimer son desiderata du moment, elle lâche un simple soupir.

[Zkapt]

"Hmm, c'est vrai que Patapé ne mange que la viande humaine, il n'y a pas de risque que quelqu'un vous mange vos chevaux si vous les laissez traîner. Pour la visite guidée, suivez-moi."

L'extraterrestre se dirige vers le centre de la ville :

"Voici l'endroit où vous allez dormir. Vous avez de la chance d'arriver en été, vous n'aurez pas besoin de ranger vos affaires au lever ... Nous faisons la cuisine et mangeons dehors par ce beau temps.
Je vous laisse souffler cette lune, mais si vous restez un peu, habituez-vous à ce panneau."

Devant la porte de la salle commune, un tableau affiche les tâches auxquelles chaque habitant est affecté. On peut également y lire quelques informations sur les dernières décisions du Conseil, des recommandations générales et des encouragements à participer à la vie politique et administrative de la cité.

"J'oubliais : c'est ici que la plupart des habitants dorment, et que certains d'entre eux passent leur temps libre également. Je vous laisse décharger vos affaires et faire connaissance avec eux, cela fait quelques temps que nous vous attendions et ils vous feront certainement bon accueil."

Se souvenant de paroles entendues à la radio et reconnaissant la voix de l'Indienne, Zkapt ajouta dans ce qu'un autre Vogon aurait identifié immédiatement comme un sourire amical, mais qui ne ressemblait à rien pour un Terrien :

"C'est certainement devant ce bâtiment que votre spectacle de danse aura le plus de spectateurs, Miss Calcutta."

[Alisha Kamakshi]

La jeune femme tressaille au surnom et grimace. Elle ne semblait pas l'apprécier alors qu'on lui en avait donné un de naissance.

Alisha. Alisha Kamakshi. Paraitre vouloir dire protégée de Dieu aux yeux pleins de désir...

Elle hausse les épaules et continue de scruter les alentours d'une humeur quelque peu maussade sur l'instant.

[Jo Clay]

Elle met pied à terre, jauge le taudis commun, et pousse un sifflement d'admiration.

"Et ben... C'est l'hotel local ça?"

Son bourrin tenu par la bride, elle adresse un salut du bout des doigts sur sa tempe, à l'indienne et à la gosse.

"J'suis désolée, j'passe pas la nuit dans un dortoir commun. J'suis pas une SDF... Quoique si... Mais pas à ce point. J'vais voir si j'trouve pas un trou mieux qu'ça, mémé..."

Elle fait mine de partir, lance tout de même par dessus son épaule:

"Hep miss Calcutta. Pas la peine d'm'envoyer d'invit' pour ton spectacle."

[Zkapt]

Et merde. Elle a fait une bourde. Faut dire aussi, ces gens qui ne se présentent pas ...

Désolé, mademoiselle Alisha Kamakshi. Je croyais que vos amies vous appelaient par votre nom.

Désignant celle qui semble être la forte tête du groupe, la Conseillère de Shangri-La demande à la danseuse :

Elle est toujours comme ça, Miss Jamais Contente ?

[Lanthane]

Une frêle silhouette grise s'approcha du groupe. Elle marmonnait quelque chose, une oreille attentive discernerait les brides d'un discours. Visiblement, ce n'est pas encore au point...

Au dernier moment, elle leva la tête vers les cavalières et ajusta ses lunettes tous en les examinant.

Bienvenue à Shangri-La, mesdames.
Lanthane, Administratrice Provisoire. Dit-elle en guise de présentation.
Et votre guide qui je suppose ne s'est pas encore présentée et fait déjà sa maline, c'est Madame Zkapt, Comptable et Chef de la Sécurité.

J'espère que nos installations vous satisferont, elle sembla insister sur le dernier mot. Nous avons beaucoup travailler pour en arriver là.

Il eut un silence plutôt froid, mais l'Administratrice Provisoire finit par reprendre en haussant les épaules, comme si elle avait déjà oublié.

L'Etable est tout de même confortable si vous voulez rester auprès de vos... de vos... Lanthane avait un contact difficile avec les grosses bêtes... de vos animaux.

[Alisha Kamakshi]

Un sourire en coin, la jeune femme hoche la tête à la question de Zkapt. La venue de la vieille femme coupe court à tout échange lorsque Alisha l'observe à son tour, intriguée par cette silhouette aussi grise qu'un jour de pluie au fond d'une cité dortoir. A nouveau, elle incline le front avec déférence en guise de salut.

Étable pouvoir être bien. Juste que nous pas habituée à vie avec beaucoup gens et fait long voyage. Moi aimer avoir intimité et solitude aussi, supposer que jo aussi. Pas faire attention à caractère d'elle, question d'habitude.

[Alisha Kamakshi]

Voyant que les deux shangrilaises semblent absorbées dans leurs pensées et n'ayant rien de plus à dire, la jeune femme s'éloigne. L'avant-goût d'une cité dortoir où peu se parlent.

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