Une histoire qui fait peur selon Théo [Aloha - participant n°1]

[Theo]

Théo profita qu’un grand nombre de personnes étaient rassemblées pour dîner, pour faire son happy Aloha show. Il s’arrangea en premier lieu pour plonger la pièce dans le noir en coupant provisoirement les lumières. Ensuite il attira l’attention sur lui en entrant tout en tenant une grosse bougie entre les mains, qui lui éclairait le visage par en dessous, ajoutant des ombres inquiétantes à son visage grimé au charbon.

D’une voix qui se voulait mystérieuse et inquiétante à la fois, il commença son récit, avant que le trac ne le gagne :

On raconte que dans les terres lointaines du monde du dehors les hommes ne peuvent désormais plus compter les uns sur les autres.

Tout a commencé avec une maman et son bébé.

Suite à une terrible catastrophe, le monde tel qu’elle l’avait connu s’était effondré. Elle se retrouva toute seule sans aucune nourriture, livrée à elle-même. Les quelques personnes qu’elle croisait, ayant survécu comme elle au désastre, refusaient de partager le peu de vivres qu’ils avaient. Chaque jour les pleurs de son bébé affamé se faisaient de plus en plus stridents et les périodes où il s’endormait d’épuisement de plus en plus courtes. Sachant que le lendemain elle ne trouverait rien de plus à lui donner à manger et qu’il allait finir par mourir de faim, voulant lui éviter cette mort atroce, elle l’étrangla dans son sommeil.

Une fois ceci fait, il ne lui resta plus que sa bouche pour maudire et ses yeux pour pleurer. Elle hurla pendant plusieurs heures faisant fuir toutes les personnes aux alentours, puis elle reprit sa marche, serrant contre elle le corps sans vie de son petit bout. La folie et la faim s’emparant d’elle, lui tiraillant l’esprit et l’estomac, elle le grignota tendrement, par tous petits morceaux, sur plusieurs jours.

Sa marche la conduisit à un semblant de hameau où quelques survivants essayaient de reconstruire Byzance. Ils virent avancer vers eux cette femme aux allures de clocharde, et alors qu’ils la détaillaient ils purent constater le sang qui tachait ses vêtements. Une femme se mit à hurler lorsqu’elle reconnu le squelette à moitié dévoré d’un bébé dans les bras de la folle. Elle confia sa propre petite fille à un voisin et se jeta sur l’autre mère pour lui arracher les restes de l’enfant mort. Bien entendu la folle ne se laissa pas faire voulant protéger son bébé et réussit à la griffer au visage avant de finir lapidée par les villageois.

Cette seconde maman eu du mal à s’endormir cette nuit là, n’arrivant pas à comprendre comment on pouvait en arriver à l’extrémité de manger son propre bébé. Elle alla embrasser tendrement sa petite fille à plusieurs reprises s’assurant qu’elle dormait paisiblement. Pourtant au matin, lorsqu’elle alla pour la réveiller, elle la retrouva exsangue, des marques de strangulations sur la nuque et la jugulaire arrachée par un puissant coup de mâchoire. S’observant elle-même, elle constata que sa chemise de nuit était trempée de sang et qu’elle avait le gout caractéristique de ce dernier dans la bouche. Elle se mit à hurler à son tour.

Les restes de la folle lapidée en place publique furent secoués d’un rire dément. Elle sera considérée plus tard comme la mère des hommes-creux.

Plusieurs mois plus tard, un groupe de voyageurs arrivera à Byzance. Il trouvera le hameau laissé à l’abandon et décidera d’y passer la nuit. Plus personne …n’entendra… parler d’eux…

Il souffla la bougie.